Depuis le mois de mai, les Tchadiens vivent avec consternation les événements à l’Est du pays, précisément dans les provinces du Ouaddaï et de Sila. Un conflit intercommunautaire entre deux communautés ayant des relations séculaires. Chronique

Entre Ouaddaïens et Arabes, c’est une affaire de complémentarité. Les uns sont sédentaires et les autres en grande partie nomades. Les ressortissants du Ouaddaï sont dotés d’une capacité de produire à partir de la terre et ceux de Sila ont le génie d’élever les animaux. L’agriculteur nourrit l’éleveur de ses céréales, légumes et le pasteur au cours de son trajet, lui apporte lait et viande. Le bon vivre ensemble a permis des mariages qui ont créé une longue lignée de métissage. Nombreux sont ceux qui sont issus des ces unions. Selon certaines sources, même le Sultanat du Ouaddaï est dirigé par une lignée issue du Sultan Abdelkerim qui est de mère maba (une communauté ouaddaïenne) et de père arabe. Deux peuples liés par une histoire séculaire. D’abord, celle du Royaume du Ouaddaï dont la notoriété est reconnue dans le monde entier. Ensuite, par la religion musulmane, facteur qui a toujours régi les règles sociales entre les deux ethnies. 

Grande surprise ! Cette cohabitation pacifique s’est volatilisée laissant place à la promiscuité. Depuis déjà deux ans, on assiste à un conflit qui oppose ces deux frères devenus ennemis, causant jusqu’à une quarantaine voire cinquantaine de morts sans compter le nombre des blessés. Des habitations et des biens ont été incendiés de part et d’autres. La gravité de la situation a même conduit le gouvernement à la suspension du Sultan du Ouaddaï et les chefferies traditionnelles des Arabes. N’est-ce pas une manière de mettre encore l’huile sur le feu ?

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C’est le moment ou jamais pour que l’Etat tchadien prouve à ses propres fils et filles qu’il est le gendarme de l’Afrique. En tant que garant de la sécurité du pays, il doit sans partialité et sans aucune violence, faire régner l’ordre entre les deux communautés. Toute tentative de résolution de ce conflit sans dialogue, échouera.

Quant aux communautés, au-delà des appartenances confessionnelles et ethniques, l’on doit tout simplement prioriser les valeurs humaines.