Depuis plusieurs mois, le ministère des Microcrédits pour la promotion de la femme et de la jeunesse ne parvient plus à recouvrer les crédits alloués de 2009 à 2012.
“L e recouvrement des crédits alloués depuis 2009 est très faible, il est autour de 30% sur le montant global alloué” , confie une source proche du ministère. Le montant total des crédits alloués pour cette période s’élève à plus de 3 milliards francs CFA. Selon la même source, plusieurs bénéficiaires de ces crédits ont disparu dans la nature, ne laissant aucune trace d’eux. Cette situation n’a pas permis d’accorder d’autres crédits. “Faute de liquidité, les crédits ne peuvent être alloués”. Selon nos investigations, les crédits ne sont pas attribués selon les règles bien définies, ce qui a permis à certains agents du ministère de prendre les crédits qui étaient destinés aux nécessiteux. “Ceux qui ont donné les crédits ont copté des gens qui ne sont même pas connus. Il suffit que le demandeur formule sa demande au ministère et le crédit est aussitôt donné” . Aussi, selon les informations reçues, dans certaines localités où les crédits ont été donnés, il y a une nette différence entre le montant communiqué à N’Djaména et celui disponible sur le terrain. “À Bousso, par exemple, l’administration a communiqué un montant de 25 millions F CFA, alors que sur place là-bas l’on parle de 8 millions” , confie notre source. L’autre difficulté réside au niveau de la perception des crédits alloués. Certaines populations de la zone septentrionale du pays considèrent que les crédits que le ministère leur donne est un don. “À chaque fois que nous partons dans cette partie du Tchad pour les recouvrements, les bénéficiaires nous laissent entendre qu’ils ont reçu leurs parts des revenus du pétrole et qu’il n’était pas question de rembourser quoi que ce soit” , indique un haut responsable du ministère des Microcrédits. D’après lui, cette idée est inculquée par certains natifs de cette région qui ont géré pendant un temps ce ministère. “Un ancien ministre des Microcrédits s’est dressé contre nous quand nous sommes allés recouvrer les crédits dans sa région et nous étions obligés de revenir à N’Djaména sans faire le recouvrement” , précise ce dernier. Enfin, le seuil des crédits alloués ne devrait pas dépasser un million de francs CFA. Mais le politique a pris le dessus. Et certains bénéficiaires ont perçu à titre exceptionnel plus de vingt-deux millions francs CFA.
Ngarbé Ferdinand
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