Le président du Conseil de l’Ordre des avocats du Tchad, le bâtonnier Djerandi Laguerre Dionro, a fait un point de presse ce 13 mars au siège dudit Ordre au sein du ministère de la Justice. C’est pour protester contre un faux au niveau de la Cour suprême.
Le Conseil de l’Ordre des avocats informe avoir reçu d’un collectif d’avocats, la dénonciation d’une décision de justice que ledit collectif qualifie d’ « arbitraire » et d’ « un abus de pouvoir, voire la consécration d’une injustice par une institution qui doit normalement incarner la justice ».
Pour en revenir aux faits, le président du Conseil rappelle que courant août 2024, une affaire de « sextape » a fait la une des réseaux et des plaintes avaient été déposées par Zakaria Hassan Tabit et autres contre Abbas Abdelkerim Badour, Ahmat Mahamat Ahmat et autres. « Le tribunal de N’Djaména a rendu un jugement condamnant certains prévenus à des peines d’emprisonnement ferme allant de 01 à 3 ans pour association de malfaiteurs, tentative d’extorsion de biens et complicité. La Cour d’appel de N’Djaména a confirmé ce jugement », détaille Me Djerandi Laguerre Dionro.
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Le Bâtonnier qui précise que les parties civiles, les condamnés et le procureur général ont tous formé un pourvoi en cassation afin que la Cour suprême se prononce. Il informe que jusqu’à ce jour, les différentes parties attendent que la décision de la Cour d’appel soit rédigée afin que la mise en état du dossier soit faite pour être envoyée à la Cour suprême pour la suite. « Curieusement et contre toute attente, un extrait d’une décision de la Cour suprême rendue dans cette affaire en date du 12 février 2025 a commencé à circuler. Ledit extrait montre que la Cour suprême a cassé et annulé les décisions rendues par le tribunal et la Cour d’appel donc pour dire que les personnes condamnées n’ont rien fait et sont libres », fustige Me Laguerre.
En soulignant que la plus haute juridiction du pays n’a respecté aucune des procédures, « violant frontalement du début jusqu’à la fin ses propres règles de procédure », le président du Conseil de l’Ordre des avocats du Tchad estime que c’est « une surprise incroyable qu’une décision soit rendue dans cette affaire par la Cour suprême alors que la décision de la Cour d’appel n’est pas encore rédigée et donc le dossier n’est même pas envoyé à la Cour suprême ».
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Me Djerandi Laguerre Dionro assure qu’en dehors de cette affaire, de nombreuses plaintes verbales et murmures des avocats ou des citoyens font état de ce que les décisions de sursis à exécution « seraient dans beaucoup de cas systématiques dans certaines affaires, pour certaines personnes, en faveur de certains avocats ou rejetés pour d’autres ».
Pour le Barreau du Tchad, cette situation est « inadmissible » et « doit s’arrêter ». Il appelle les plus hautes autorités et en particulier le président de la République à prendre des décisions « urgentes » pour « sauver la face de la justice tchadienne ». Car, indique Me Djerandi Laguerre Dionro, « La paix et la sécurité sont aussi et surtout tributaires des décisions de justice rendues dans le respect de la légalité ».