Le Centre d’Études et de Formation pour le Développement (CEFOD), en partenariat avec la Délégation de l’Union européenne, a organisé une causerie-débat ce vendredi 29 novembre 2024, axée sur les politiques d’assainissement au Tchad.

L’événement a rassemblé une diversité d’acteurs, notamment des décideurs politiques, des partenaires au développement, des autorités locales, des leaders religieux, des membres de la société civile, des opérateurs économiques, des étudiants et des citoyens.

Le panel, composé de Désiré Gapili, directeur de l’Assainissement, de l’Environnement et de la Santé, de Madjitelessem Séverin, de Blagué Souakor et de Dr Nadji Dakor, a abordé des questions cruciales liées à l’accès à l’eau potable, à la gestion des eaux usées et à l’assainissement pluvial à N’Djamena.

Désiré Gapili a révélé que seulement 30 % des habitants de la capitale bénéficient actuellement d’un accès à l’eau potable, selon les données du ministère de l’Hydraulique. Il a toutefois souligné les progrès réalisés dans le cadre du projet Eau et Assainissement (2019-2024). Ce projet a permis d’étendre le réseau d’eau potable dans deux arrondissements périphériques. Parmi les réalisations figurent l’extension de 20 km de réseau d’eau potable, la construction de 25 bornes-fontaines, l’installation de huit châteaux d’eau équipés de 72 bornes-fontaines et le raccordement de six écoles ainsi que d’un centre de santé au réseau. Ces initiatives visent à atteindre un taux de couverture de 80 % d’ici 2030 avec l’appui des partenaires techniques et financiers.

L’assainissement des eaux pluviales reste une problématique majeure, particulièrement après les inondations récurrentes de 2020, 2022 et 2024 qui ont gravement affecté les populations. Pour répondre à ces défis, les autorités tchadiennes, avec le soutien financier des partenaires, ont engagé des travaux structurants dans les quartiers Nord-Est de N’Djamena, notamment dans les 7ᵉ, 8ᵉ et 10ᵉ arrondissements. Ces travaux comprennent la construction de 12 km de collecteurs primaires en béton et de 20 km de collecteurs secondaires, la création de 6 km de chenaux en terre, la réalisation de 19 bassins de rétention et de trois stations de pompage ainsi que l’aménagement de huit centres de transfert pour la gestion des déchets solides.

Malgré ces avancées, les conditions d’assainissement au Tchad demeurent préoccupantes. Désiré Gapili a souligné que seulement 18 % de la population dispose de toilettes décentes, tandis que la pratique de la défécation à l’air libre persiste, favorisant la propagation des maladies hydriques. Par ailleurs, la gestion des eaux usées reste quasi inexistante à N’Djamena. Les eaux usées domestiques sont souvent rejetées dans la nature ou dans des caniveaux, initialement conçus pour le drainage des eaux pluviales.

Ce débat a permis de mettre en lumière les efforts entrepris tout en soulignant les lacunes qui freinent l’amélioration des conditions de vie des populations. Les participants ont insisté sur la nécessité d’un engagement collectif impliquant les autorités, les partenaires techniques et financiers, ainsi que les citoyens pour relever les défis persistants liés à l’assainissement.