A l’appel de leur syndicat, les magistrats tchadiens observent depuis lundi 07 août 2017 une grève de trois jours pour protester contre le niveau très bas de leurs salaires, l’amputation de leurs indemnités, et pour réclamer le renouvellement des membres du Conseil supérieur de la magistrature (CSM).

Réunis vendredi en assemblée générale dans la salle des audiences du Palais de justice de N’Djamena, les magistrats ont déploré que leur grille salariale reste à ce jour la plus faible de tous les corps des fonctionnaires du Tchad et, par conséquent, ce sont les indemnités qui constituent l’essentiel de leur traitement.

“Les magistrats jouent un rôle incontournable dans la répression de toutes les criminalités, à savoir les détournements des deniers publics, les actes de terrorisme et les crimes transfrontaliers, etc. Mais ils sont aujourd’hui soumis à une vie de précarité qui frise la clochardisation”, indique un communiqué signé de Djonga Arrafi, secrétaire général du Syndicat des magistrats du Tchad (SMT).

Les magistrats ont noté avec regret le refus délibéré des plus hautes autorités de renouveler le Conseil supérieur de la magistrature prérequis pour le déploiement des nouveaux magistrats en attente d’affectation depuis belle lurette quand bien même il y a des besoins.

Ils ont, enfin, déploré les mauvaises conditions matérielles de travail dans les juridictions (absence des moyens de transport des détenus, absence de consommables bureautiques et informatiques), ainsi que le retard dans le versement de primes de rendement depuis deux ans consécutifs.

Les magistrats ont donc exigé le relèvement du point d’indice de leur grille salariale, le rétablissement de leurs indemnités amputées, le renouvellement des membres du CSM dont le mandat est arrivé à terme depuis plus d’une année, le paiement sans délai des primes de rendement de deux années consécutives, et la dotation de toutes les juridictions en moyens adéquats de travail.

“Faute de quoi, une grève de trois jours sera observée dans toutes les juridictions à compter du lundi 7 août au mercredi 9 août inclus”, a conclu le communiqué.

La grève d’avertissement intervient alors que doit s’ouvrir ce lundi la session criminelle de la cour de N’Djaména, qui est donc reportée à une date ultérieure.

Fin 2016, les magistrats tchadiens avaient déjà observé une longue grève sèche contre la réduction de 50% des indemnités et primes des agents de l’État, décidée par le gouvernement pour atténuer les effets de la crise financière et économique qui frappe le pays. Pour le SMT, cet abattement est fait “en méconnaissance des dispositions constitutionnelles à la fois législative et réglementaire”.