L’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT-Tchad) et ses partenaires ont fait hier, au CEFOD à N’Djamena, la projection d’un documentaire intitulé “Mirage citadin” suivie d’une conférence-débat. Ce film d’une quarantaine de minutes porte sur la problématique de la maltraitance des employés domestiques.
Ces employés domestiques sont pour la plupart issus de l’exode rural. Impuissants face à la dévastation de leurs champs par les bétails des éleveurs dont certains bénéficient de la protection des autorités; le vol répétitif de leurs boeufs d’attelage ; la pauvreté et le manque d’emploi dans les zones rurales, ces jeunes filles et garçons se déplacent vers les zones urbaines à la recherche de l’eldorado.
En ville, ces jeunes travaillent dans des conditions dégradantes et humiliantes ( viol, violences physiques et verbales etc.). Pour Karmadji Demba, syndicaliste, ces travailleurs ne reçoivent même pas le salaire minimum. ”La loi dit que le SMIG est fixé à 60000 francs CFA. Par exemple, quand on prend la convention internationale sur les travailleurs, le Tchad ne l’a même pas ratifié. Lorsqu’on prend notre premier article de la constitution qui dit que nous sommes nés tous égaux en droit et en dignité, nous ne reconnaissons pas cette dignité a ces personnes“, regrette-t-elle.
C’est de l’esclavage tranche le sociologue Mbété Félix. “Attention, ces enfants du pays vont riposter tôt ou tard et ça va chauffer. De toutes les manières, ils se sont instruits et resteront à côté du pouvoir”, prévient-il.
Cette situation et les conflits éleveurs et agriculteurs perdurent parce que, dit le sociologue, les riches n’ont pas de coeur et leurs problèmes, ce sont leurs comptes en banque. Il pointe du doigt une “faillite” de l’Etat et de la société.
Comme pistes de solutions pour endiguer ce phénomène, les participants s’accordent notamment sur l’instauration d’une justice de proximité ; l’intensification des campagnes de sensibilisation et la création d’activités dans les campagnes.
Noukamna Dayam, stagiaire