Les enseignants du lycée de Walia ont lancé un débrayage de trois jours à compter du 18 février. Ils protestent contre la violation des locaux de l’établissement par les éléments de la police lors des manifestations.

La brume envahit la cour du lycée de Walia à la place des élèves. Sous l’effet du vent, des feuilles d’arbres flétries tombent. Malgré ce mauvais temps, quelques apprenants des classes d’examen répètent des exercices de mathématiques. D’autres regardent de loin le  lycée en espérant reprendre les cours la semaine prochaine. ’’Il n’y a pas de cours depuis le 15 février. Les enseignants sont en grève’’, informe un élève  rencontré dans la cour de l’établissement.  

Cette situation s’explique par la violation des locaux de l’établissement par les éléments de la police, lors des manifestations, souligne le proviseur du lycée littéraire, Beakba Debgaroua. ’’ Le 15 février dernier à 8 heures, nous étions tous dans la cour de l’établissement. Des élèves étaient en classe, d’autres faisaient des devoirs. Quelque personnes marchaient sur le goudron avec des sifflets. Arrivés en face du lycée, ils ont commencé à brûler des pneus. Et comme la police n’était pas loin, elle est intervenue avec des gaz lacrymogènes pour les disperser.  Les enseignants ont tenté de maintenir les élèves en salle malgré la peur. Un moment, le gaz tiré par la police était tombé devant la salle.  Ce qui a obligé les élèves à sortir des classes pour rentrer’’, décrit le proviseur.

Au cours des agitations, la police est entrée dans les locaux de l’établissement et a brutalisé des élèves et leurs professeurs, indique le proviseur, Beakba Debgaroua. ’’ Certains élèves et enseignants étaient venus se réfugier dans le hall de l’administration.   La police était entrée jusqu’à l’administration pour les chercher. On était brutalisé et arrêté un moment avant d’être relâché’’.

Boycott des activités 

Après ces évènements, l’inspecteur départemental a demandé aux enseignants de reprendre les cours, mais ces derniers ont dit niet. A l’unanimité, ces enseignants et la cellule du Syndicat des enseignants du Tchad section de Walia ont lancé une grève de trois jours . ‘’ On s’est réuni le 17 février pour décider la suspension des cours du 18 au 20. Cela nous permettra de recenser ceux qui sont tombés malades sous l’effet des gaz, et ceux qui sont debout. Mais également de demander aux autorités compétentes de venir à notre secours’’, soutient le secrétaire général de cette cellule, Djerayom Bondoh.

Pour lui, les agissements des forces de l’ordre sur l’établissement de Walia sont répétitifs.’’ Ce n’est pas pour la première fois que le lycée de Walia subit des bavures des forces de l’ordre. L’année surpassée on était victime d’une bavure policière au point où le proviseur sortant était tombé sous l’effet du gaz. Nous avions écrit un communiqué de presse qui s’est résulté par mon arrestation’’, déplore-t-il.   

Djerayom Bondoh estime que ’’le problème est  la position géographique du lycée. L’établissement est exposé. Ce qui fait que nous sommes toujours agressés. Le lycée est marginalisé. Chaque évènement qui ne nous concerne même pas, on nous implique’’.

Le même jour (17 février), la cellule du Syndicat des enseignants du Tchad, section de Walia, a, dans un communiqué, interpellé les autorités sur la question de la protection des enseignants. ’’La SET demande aux autorités compétentes de sécuriser les enseignants dudit établissement dans l’exercice de leurs activités tout en se réservant d’engager les actions de grandes envergures’’, a-t-elle prévenu.