Dès le deuxième trimestre de l’année 2022, la situation nutritionnelle serait précaire dans la majorité des provinces du Tchad, selon les analyses du Cadre intégré de la classification de la sécurité alimentaire. Voici de façon détaillée ce qui ressort de cette analyse.  

Ce n’est un secret pour personne, le Tchad à l’instar des autres pays du Sahel fait face à une insécurité alimentaire critique. Cela n’est évidemment pas sans conséquence sur la santé. Elle impacte considérablement sur la situation nutritionnelle des populations.

Selon le Cadre intégré de la classification de la sécurité alimentaire, d’octobre 2021 à septembre 2022, 1 668 000 personnes au Tchad seront en situation nutritionnelle critique persistante. Parmi ces dernières, 335 000 sont concernées par la malnutrition aigüe sévère et 1 334 000 par la malnutrition aigüe modérée.

Cette situation nutritionnelle précaire a pour cause, la combinaison de plusieurs facteurs aggravants, tels que l’apport alimentaire inadéquat, les mauvaises pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant, les prévalences élevées des maladies infantiles (paludisme, diarrhée, IRA) avec une augmentation de la fréquence des épidémies de rougeole (Ouaddai, Chari-Baguirmi, Guéra, Borkou, N’Djamena, Mayo Kebi Est, Sila, Salamat, Wadi-Fira), la faible couverture vaccinale contre la rougeole, la faible couverture en supplémentation en vitamine A, les mauvaises conditions d’hygiène (inaccessibilité à des installations d’assainissement adéquate), la faible couverture d’accès à l’eau potable, la faible couverture des interventions nutritionnelles et sanitaires, les effets néfastes des conflits agriculteurs-éleveurs, les effets de la situation sécuritaire délétère avec les mesures restrictives et l’insécurité alimentaire aiguë dans certaines provinces, et les conséquences du changement climatique (inondation, sécheresse, mauvaise répartition pluviométrique).

D’après l’analyse faite par le Cadre intégré de la classification de la sécurité alimentaire, la situation nutritionnelle pourrait commencer à se détériorer à partir du deuxième trimestre de l’année dans la majorité des provinces du Tchad, en raison de l’épuisement des stocks correspondant à l’installation de la pré-soudure avec un pic des cas de malnutris habituellement enregistrés entre juin-septembre.

FEWS NET (Famine early warning system network) ajoute que les besoins d’assistance humanitaire seront plus élevés au Tchad entre juin et septembre, période qui correspond au pic de la soudure agricole.

Pour inverser les tendances de la malnutrition aigüe des interventions urgentes et précoces sont nécessaires. A titre illustratif, le Cadre intégré de la Classification de la sécurité alimentaire énumère la mise en place d’un mécanisme de suivi et d’atténuation des effets des conflits et du changement climatique et le renforcement des actions de promotion en faveur des bonnes pratiques familiales essentielles. Mais beaucoup restent encore à faire.