La région tchadienne du Lac, déjà fortement vulnérable à cause du sous-développement chronique, reste sévèrement affectée par l’impact de la crise nigériane depuis début 2015, selon un dernier rapport du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).

Les opérations militaires en cours et les incidents sécuritaires (attaques contre les villages, vols de bétail, mines, etc.), particulièrement dans les zones frontalières avec le Nigeria et le Niger, ont entraîné le déplacement de près de 120.000 personnes et affecté les communautés locales déjà vulnérables, qui ont vu leurs conditions et moyens d’existence se détériorer davantage.

La fermeture des frontières avec le Nigeria et la prolongation de l’état d’urgence, ainsi que les restrictions de mouvements qui en résultent, note un rapport de l’OCHA, ont un impact négatif sur la situation économique et alimentaire des populations hôtes et des personnes en situation de déplacement (augmentation des prix des denrées de base, perte de débouchés économiques, pêche fortement réduite à cause de l’interdiction de naviguer, zones de transhumance déviées et pâturages réduits …), augmentant les risques liés à l’insécurité alimentaire et la malnutrition.

Selon les agences humanitaires, les populations continuent de se déplacer, fuyant l’insécurité et à la recherche de moyens de subsistance. Après des déplacements massifs en 2015, des mouvements secondaires de plus petite ampleur ont été enregistrés en 2016.

L’assistance humanitaire est souvent la seule source de subsistance pour la majorité des déplacés et la population locale. Les populations bravent les mesures sécuritaires au risque de leur vie pour se rendre dans leurs localités d’origine en quête de moyens de subsistance (agriculture, pêche, élevage). En l’absence de perspectives immédiates de retour pour les déplacés, il s’avère essentiel de mettre en place des solutions durables et d’envisager le développement d’activités socio-économiques pour renforcer leur autosuffisance et faciliter leur réinsertion dans les villages d’accueil, selon l’ONU.

“L’accès aux services essentiels de base reste limité pour les populations de la région du Lac. La région ne compte que 10 médecins et le taux de scolarisation primaire de l’année scolaire 2015-2016 est seulement de 37%”, déplore le texte.

Au-delà de l’insuffisance d’infrastructures, de ressources humaines, d’équipements et de fournitures, certaines pratiques traditionnelles ne favorisent pas l’utilisation des services sociaux. Dans ce contexte, les déplacements exercent une pression accrue sur ces services et en limitent d’autant plus l’accès. “Il est donc important d’appuyer les structures de santé, d’éducation et accroître la capacité des infrastructures d’eau et d’assainissement pour améliorer l’accès aux services essentiels de base dans la région”, conclut-il.