Instauré depuis le 02 avril, le couvre-feu a été prorogé pour deux autres semaines le 22 juin. Alors qu’elle s’inscrit dans le cadre des mesures contre la Covid-19, cette énième prorogation irrite certains Tchadiens. Un tour dans les quartiers de N’Djamena, a permis de se mettre à l’évidence.

Plus de deux mois après son instauration par le  décret  n° 0499/PR/2020 du 02 avril, le couvre-feu dans les provinces du Tchad reste toujours en vigueur. Une mesure qui s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la propagation de la Covid-19. Seulement, la prorogation répétitive de cette mesure  irrite certains citoyens.

Pour beaucoup de citoyens tchadiens, les derniers chiffres de contamination annoncés par les autorités montrent une tendance en baisse. En conséquence, le gouvernement devrait lever certaines mesures, notamment le couvre-feu. « Nous sommes fatigués !» s’exclame Arnold Yamarke avant d’ ajouter que «cette affaire de couvre-feu n’est pas claire. D’autres choses se cachent derrière.»

Pour Habib Ibrah, les statistiques sont en baisse donc il n’est plus nécessaire de maintenir le couvre-feu dans ses horaires actuels. Il faut décaler l’heure de 22 heures à 5 heures pour permettre à la population de circuler.

Interrogé pour savoir pourquoi la prorogation du couvre-feu irrite certaines personnes, le sociologue Mbeté Félix rappelle la nécessité de survie. Selon lui, le couvre-feu freine assez d’activités de nuit, génératrices de revenus. Il cite entre autres, les prostituées, les exploitants de cinés clubs, les femmes vendeuses de poisson braisés au bord des rues ou encore les exploitants des boîtes de nuit. « Pour ces derniers qui ne se prennent en charge que grâce à leurs activités de nuit, la vie n’est pas rose avec cette prorogation de couvre feu», dit-il.

Malgré cette situation difficile, Mbété Félix reconnait que le maintien du couvre-feu est nécessaire parce que « les métiers  de nuit  sont difficiles à contrôler». « Lorsque les gens vont dans les bars la nuit et surtout bar dancing ou boite de nuit il est vraiment difficile d’observer les mesures  barrières », c’est pourquoi, justifie-t-il, « il est n’est pas commode  de dire qu’on lève le couvre-feu en ce moment ».

Il affirme en outre que l’annonce des mesures d’allègement ne signifie pas que la maladie est finie. Pour cela, le sociologue exhorte la population au respect des mesures barrières pour mettre fin à cette pandémie.