Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés est alarmé par le sort des milliers de réfugiés centrafricains qui ont fui vers le sud du Tchad depuis la fin 2017. Beaucoup d’entre eux manquent de nourriture, d’abris et d’accès aux soins médicaux.

Cet afflux de réfugiés est le plus important depuis 2014 et dépasse la capacité opérationnelle des organisations humanitaires. Le bureau du HCR au Tchad a besoin de 149 millions de dollars en 2018 pour répondre aux besoins urgents au Tchad mais, à ce jour, seulement 2% de ce montant a été reçu.

En décembre 2017, les combats entre groupes armés au nord-ouest de la République centrafricaine (RCA) ont généré le déplacement interne de 65 000 personnes dans la ville de Paoua et de 5000 à Markounda. Par ailleurs, l’insécurité persistante a contraint 22 180 personnes à fuir les persécutions et la violence vers le Tchad voisin.

Ces réfugiés se sont installés dans plus de 40 villages et quatre camps près de la ville de Goré – une zone qui accueille déjà environ 43 000 réfugiés centrafricains et 45 000 rapatriés tchadiens de retour de la RCA. Leur protection et leur bien-être sont vivement préoccupants. Le sud du Tchad, y compris la région de Goré, est l’une des régions les plus pauvres et sous-développées du pays, qui est actuellement confronté à une profonde crise socio-économique.

Les pénuries alimentaires et la hausse des prix menacent directement la vie des réfugiés et de la population d’accueil, qui partage avec les nouveaux arrivants de maigres ressources alimentaires et autres. Depuis décembre dernier, plus de 15 réfugiés centrafricains ont été tués des deux côtés de la frontière et au moins 67 autres ont été victimes de violences sexuelles et sexistes alors qu’ils tentaient de retourner en RCA pour aller chercher de la nourriture et compléter leurs maigres ressources en exil.

De graves inondations ont affecté la récolte de cette saison et, de ce fait, les réserves alimentaires au niveau familial et communautaire sont quasiment épuisées. Beaucoup mangent des feuilles et des fruits sauvages, qui sont souvent toxiques. La prochaine récolte ne se fera qu’en novembre prochain, et il n’y a pas suffisamment de semences de qualité pour les plantations.

Sans une augmentation de l’aide alimentaire, les réfugiés pourraient être confrontés à des pénuries de vivres pendant plusieurs mois. Depuis le début de la crise, le HCR et ses partenaires assurent leur protection, des soins de santé, et fournissent de l’eau et des installations sanitaires, des abris, des articles de première nécessité, de la nourriture et une aide nutritionnelle aux réfugiés nouvellement arrivés.

Avec l’arrivée prochaine de la saison des pluies, un autre besoin urgent concerne l’hébergement. Alors que 5 659 réfugiés ont trouvé refuge dans les camps existants, 16 520 autres se trouvent dans des villages d’accueil près de la frontière. Le HCR construit des abris d’urgence dans les camps et les villages qui les accueillent, tout en travaillant avec les autorités, les partenaires et les donateurs sur un programme de réinstallation, afin de permettre aux réfugiés de quitter la zone frontalière pour s’installer dans des villages ou des camps, considérés par les autorités comme étant plus sûrs.

La situation sanitaire des réfugiés est également critique. Les niveaux de malnutrition sont déjà élevés, en particulier chez les enfants. L’inquiétude et le risque réel pour toute la population au cours du prochain mois en termes de pénurie de vivres pourraient avoir des conséquences dévastatrices.

Il est urgent d’augmenter le nombre de cliniques mobiles et de renforcer les capacités des dispensaires locaux afin d’alléger le lourd bilan des infections respiratoires, du paludisme et d’autres maladies.

Bien que la situation au nord-ouest de la RCA soit actuellement calme, elle demeure très instable et un plus grand nombre de réfugiés pourraient chercher refuge au Tchad en cas de nouvelles vagues de violence.

Grâce au gouvernement tchadien, les réfugiés ont pu accéder au territoire tchadien et trouver refuge, même si la frontière est officiellement fermée. Au total, quelque 632 000 personnes sont prises en charge par le HCR au Tchad, qui a grand besoin d’un soutien international.