Dans le nouveau gouvernement du 27 mai, plusieurs ministères ont été fusionnés. L’on passe ainsi de 41 à 35 membres. Pour quels objectifs ?
Le plus ancien du gouvernement et membre du parti au pouvoir, le Mouvement patriotique du salut (MPS), Tahir Hamid Nguilin, en plus du ministère des Finances et du Budget, hérite aussi du portefeuille de l’Economie et du Plan. Tom Erdimi, ancien rebelle, garde également l’Enseignement supérieur, qui est désormais jumelé à la Formation professionnelle. Fournir l’eau ne sera plus le seul casse-tête de Passalé Kanabé (cadre du parti Union nationale pour le développement et le renouveau de l’ancien chef de file de l’opposition, Saleh Kebzabo), qui doit aussi gérer l’énergie. D’autres départements ministériels ont été de même associés.
Pourquoi cette fusion intervient-elle maintenant ? Ahmat Mahamat Hassan, analyste politique et juriste, sans détour, parle d’une récompense politique. « Lors de la dernière consultation électorale, certains acteurs comme le ministre des Finances avaient apporté beaucoup plus de contributions dans la campagne pour la présidentielle qui a abouti à la victoire de Mahamat Idriss Deby. Le regroupement de certains ministères comme ceux de l’Economie et des Finances est une question de rétribution politique au titulaire du poste. Cet objectif est plus important que la recherche de l’efficacité et de la réduction des départements ministériels », croit l’analyste et ancien ministre de la Justice.
Il rappelle que l’opposant Succès Masra, devenu Premier ministre, avant sa nomination, avait évoqué cette possibilité de cumuler certains ministères, sans pouvoir le réaliser quand il a pris fonction. « La Realpolitik tchadienne avec la représentation ethnique, clanique, tribale de différentes provinces ne lui ont pas permis de réduire le nombre. Cette réduction permet de faire de l’économie mais l’objectif premier est plutôt politique », insiste-t-il.