Au Tchad, la filière karité est simplement une réponse aux problèmes rencontrés par les groupements féminins. Alors que sous d’autres cieux, cette filière bien que disposant d’un potentiel de production moins que le Tchad, est présenté comme une alternative à d’autres filières comme le cacao en Afrique de l’Ouest.

Très exploité dans la zone sahélienne et les pays côtiers, de manière artisanale, juste pour la u pays africains: Bénin, Burkina, Cameroun, Tchad, Côte d’Ivoire, RCA, Ethiopie, Ghana, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Soudan, Togo, Ouganda, République de Guinée Equatoriale. Le développement de l’arbre à karité comme ressource économique et nutritionnelle et surtout sa vulgarisation a commencé en Afrique de l’Ouest dans les années 50, pour augmenter considérablement ces dernières années. Cependant, des questions techniques importantes subsistent, et les multiples potentiels de cet arbre doivent encore être développés dans l’ensemble des parcs à karité.

Le cas du Tchad

Au Tchad, le développement de la filière karité reste et demeure encore un problème des groupements féminins aidé par certaines ONG. Pour preuve, six groupements de femmes rurales productrices de karité ont été aidés par les ONG tel qu’Inades Formation Tchad et Fnuap en 1999 à cause de leur expertise en filière karité. Dans le Mandoul, principale zone de production de karité, les femmes s’organisent également en groupement pour développer cette filière. Ils sont, pour la plupart, accompagnés par les organismes de développement et Caritas comme World Vision, Belacd, etc. Toutes ces initiatives ne répondent qu’à un besoin très élémentaire pour un petit commerce et la consom – mation locale. Cela permet quelquefois la promotion de micros-entreprises en milieu rural. Au niveau, des hautes autorités, cette filière n’est pas encore une priorité, même si certains plans de développement de l’Etat comme la stratégie nationale de réduction de pauvreté II (SNRPII) a accordé une place importante à la filière karité. Elle demeure tout de même théorique.

Le Potentiel économique

D’après une étude réalisée par le cabinet Bioconcs en 2010, en matière de production, le Tchad a un potentiel en amendes de 800 000 tonnes, le Nigeria 250 000, le Mali 250 000 et le Ghana 200 000 tonnes. Mais en termes de production industrielle pour d’autres utilisations, le Tchad prend la queue avec 50 000 tonnes. Tandis que le Ghana, ayant un faible taux de potentiel, produit environ 125 000 tonnes, le Nigéria avec 100 000 tonnes et le Mali avec 150 000 tonnes. Au regard de cette comparaison, le Tchad n’a pas du tout fourni des efforts pour rendre la filière karité compétitive sur le marché africain, voire mondial. Aujourd’hui, le karité est souvent cité comme ressource pouvant combler les effets sociaux et économiques négatifs induits par l’exploitation du pétrole dans la zone soudanienne, et il a été déclaré parmi les secteurs prioritaires (SNRP II). Certains analystes ont même démontré que la filière karité pourrait être une alternative au pétrole qui est une source tarissable à l’échelle géologique. Les acteurs économiques et les décideurs politiques devraient appuyer la promotion de l’arbre à karité pour en faire une ressource économique, source de revenus au même titre que nombre d’autres ressources telle que la spiruline et créé de l’emploi aux jeunes. C’est une richesse naturelle qui n’est pas tarissable. L’arbre produit des fruits à partir de 15-25 ans et peut vivre 300 ans. Dans le cas d’espèce, il est question de pouvoir entretenir cet arbre et chercher à en multiplier la production. Les vertus de l’arbre à karité sont connues dans les régions productrices pour ses quantités nutritionnelles. Dans l’alimentation, les fruits, c’est-à-dire, la consommation de la pulpe, les noix ou amendes pour la fabrication du beurre de karité, dans la pharmacologie, son beurre permet la fabrication de crème et du savon. En médecine traditionnelle ou la pharmacopée, les feuilles, les racines et les écorces servent à la décoction.

Des obstacles majeurs à l’exploitation du Karité

Notons d’abord une inadéquation des cadres d’analyse et des instruments d’intervention des ONG, c’est la recherche d’une solution locale qui est orientée vers une couche de la population rurale. Il existe aussi une absence de coordination et de synergie entre les ONG qui y travaillent, et surtout, une priorité large accordée à la logique sectorielle. Les acteurs se positionnent d’abord, en tant qu’individus, puis en tant que membres d’une communauté, dans la stratégie de captage d’aide. Cela n’encourage pas vraiment l’investissement des moyens colossaux pour faire avancer cette filière. La gestion de cette filière est plus sociale que professionnelle. En plus de cela, il faut noter également un manque de subvention de la part de l’Etat. Une ressource qui pourrait être une alternative à la filière coton. Mais qui n’est pas valorisée. Elle demande une action concertée. Il faut une politique adéquate, une recherche scientifique et une action commerciale pertinente. Quand on aura créé des coopératives de valorisation du produit karité, à l’instar des pays de l’Afrique de l’Ouest, l’on peut espérer aller plus loin avec cette filière qui peut être concurrentielle et générer des recettes pour renflouer la caisse de l’Etat.

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