N’DJAMENA, 25 avril (Xinhua) — A l’occasion de la Journée mondiale contre le paludisme, célébrée vendredi, le gouvernement tchadien et ses partenaires tchadiens réaffirment leur engagement à lutter, de manière plus efficace, contre le fléau.

“Le paludisme représente plus du tiers des motifs de consultations dans nos structures sanitaires”, déclare Dr Ngariera Rimadjita, ministre de la Santé publique et de l’Action sociale.

Dans ce pays de l’Afrique centrale, cette maladie prédomine sur la quasi-totalité du pays avec une forte prévalence dans les zones soudanienne (au dud) et sahélienne (au centre et l’est).

Les analyses épidémiologiques ont mis en évidence que 98% de la population vivent dans des zones à risque.

Selon l’Enquête sur les indicateurs du paludisme de 2010, la prévalence du paludisme est de 29,8% au Tchad. Et selon les tranches d’âge: 35,8% chez les enfants de moins de 5 ans, 39,3% chez les enfants entre 5 à 14 ans et 15,2% chez les enfants plus de 15 ans.

En 2013, le Tchad a connu une flambée de cas de paludisme avec une augmentation de plus de 20% par rapport à l’année 2012 dans les régions du sud.

Selon l’analyse de la gestion de la flambée des cas, les enfants de moins de 5 ans ont été le plus touchés.

“Cependant, l’espoir est permis. Les investissements de l’Etat en vue de juguler cette pandémie, nous permettent d’espérer”, indique le ministre de la Santé publique et de l’Action sociale.

Pour faire face de manière efficace au paludisme, le gouvernement tchadien a adopté, en mars 2014, un ambitieux Plan national stratégique (PNS) de lutte pour les cinq prochaines années.

Ce programme de 120 milliards F CFA (240 millions USD) prévoit trois axes stratégiques, à savoir la prévention, la prise en charge et les activités d’appui et envisage de réduire de 30%, d’ici fin 2016, la morbidité liée au paludisme par rapport à son niveau de 2013, avec une réduction supplémentaire de 20% entre 2017 et 2018.

“Dans le PNS, des stratégies clés à fort impact sont retenues pour prévenir la morbidité, notamment la chimio-prévention contre le paludisme, la promotion de l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticides au travers de campagnes de masse ou la distribution de routine aux groupes cibles, le traitement préventif intermittent chez les femmes enceintes et les pulvérisations intra-domiciliaires des insecticides”, explique Dr Ngariera Rimadjita.

Selon Ndolembai Njesada, représentant au Tchad de “Malaria no more” (une ONG américaine impliquée dans la lutte contre le paludisme), trois facteurs expliquent cette recrudescence fréquente du fléau au Tchad: un environnement insalubre qui favorise la reproduction de l’anophèle, l’agent pathogène du paludisme; un déficit de communication sur l’enjeu de la pathologie; et une distribution tardive des moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée.

Pour s’attaquer à ces trois facteurs, fin septembre dernier, le ministère de la Santé publique a entrepris une vaste campagne de démoustication des dix arrondissements de N’Djaména, la capitale.

Et “Malaria no more” mène régulièrement des campagnes de sensibilisation contre le fléau dans les dix communes de la capitale et dans les provinces pour exhorter les populations à conserver leur environnement propre et à utiliser les moustiquaires imprégnées à longue durée.

“Une étude menée au cours de l’année 2012 a montré que seulement 35 % de la population tchadienne a entendu le message de prévention contre le paludisme”, déplore M. Ndolembai Njesada.

Par ailleurs, concomitamment à la journée mondiale contre le palu, célébrée ce vendredi, le gouvernement tchadien a démarré une vaste campagne nationale de distribution gratuite de moustiquaires imprégnées d’insecticides de longue durée d’action.

L’objectif de cette opération (soutenue par les partenaires au développement du Tchad, dont le Fonds Mondial, l’UNICEF, l’OMS, le PNUD, Word Vision et Malaria no More) est de distribuer 5,3 millions de moustiquaires à 9,6 millions de personnes dans treize régions du pays, dont N’Djaména.

“Cette campagne de distribution universelle, une première mondiale, permettra d’améliorer les indicateurs de santé maternelle et infantile au Tchad”, affirme Dr Ngariera Rimadjita. Selon le ministre de la Santé publique, la mortalité infantile est 106 pour 1.000 (175 pour 1.000 chez les enfants de moins de 5 ans). Par ailleurs, seuls 9,8% des enfants et 9,9% de femmes enceintes dorment sous des moustiquaires imprégnées dont la disponibilité générale est de 42%.

Pour relever les défis de la distribution et de la communication, le gouvernement tchadien et ses partenaires doivent mettre les bouchées doubles. Car la saison des pluies a déjà débuté dans certaines régions du sud du pays. Comme en 2013, l’on risque d’atteindre un nouveau pic saisonnier d’ici quelques semaines.