Il a rêvé d’être footballeur professionnel mais un drame survenu lors d’un match de football à l’école va tout basculer. Voici le récit de Galmai Moussa Abdraman qui est devenu ingénieur en génie rural.

Galmai Moussa Abdraman se souvient encore. Nous sommes en 2000, son équipe joue le titre du champion de football de l’école de Bokoro. A la mi-temps, le score est toujours serré entre les clubs (0-0). Galmai Moussa Abdraman harangue ses coéquipiers. Une passe du milieu de terrain parvient à son pied. Au moment où le capitaine voulait enchainer armer sa frappe, le gardien adverse lui saute sur la jambe gauche. L’attaquant est à terre. « Il lui a fracturé la jambe », alertent les joueurs.

Dans la douleur, la pépite de Bokoro est conduite à la maison. La famille dans l’immédiat fait appel à un guérisseur traditionnel. « Papa a appelé un tradipraticien, il est venu faire le nécessaire. Vers 14h, j’ai commencé à sentir des douleurs mais mon père m’a juste dit que la douleur est passagère », se remémore Galmai Moussa Abdraman.
La nuit fut longue. La douleur est insupportable. Une semaine plus tard, le guérisseur traditionnel est venu. Il défait le bandage, mais la fracture semble ne pas se cicatriser. 45 jours après, la situation sanitaire de l’accidenté ne s’améliore pas, elle se dégrade plutôt. « Après des nuits blanches, ma famille a décidé de me conduire à l’hôpital », dit-il d’une voix basse.

Galmai Moussa Abdraman est admis au district sanitaire de Bokoro. Il passe presque un mois sous traitement. Un matin, le médecin convoque son père à son bureau. Les deux hommes échangent longuement. « La jambe de votre fils est vraiment infectée, il faut l’amputer d’urgence pour lui sauver la vie », indique le médecin chef du district de Bokoro. « Ma famille n’était pas d’accord, surtout ma mère. Quant à moi, lorsqu’on m’a demandé, je n’ai pas eu d’autre solution si cela va sauver ma vie », confie Galmai Moussa Abdraman.

De Bokoro à N’Djamena

Le patient est évacué à l’hôpital de Mongo pour l’intervention chirurgicale. Il finit par être amputé à la cheville. Après un mois sur le lit de l’hôpital, le jeune garçon regagne le domicile à Bokoro avec une jambe amputée. Cette année, Galmai Moussa Abdraman ne va pas à l’école. Il poursuit sa convalescence à la maison.
En juin 2002, l’ex-footballeur dépose ses valises dans la capitale, N’Djamena. « J’étais au Centre de Kabalaye, pour chercher un prothèse mais là aussi, le technicien m’a dit qu’il faut tailler l’os de ma jambe amputée avant de le porter ». Cette fois-ci, c’est au centre sanitaire militaire français, la base Adji Kossei que l’opération a eu lieu. Les chirurgiens taillent quelques centimètres de sa jambe amputée.

Sorti de l’hôpital, Galmai Moussa Abdraman oublie son rêve de footballeur professionnel. Il fait des études sa priorité. Le natif de Bokoro s’inscrit au lycée Ibnou Cina et décroche son BEPCT avant d’obtenir son baccalauréat série scientifique en 2008. « J’ai voulu décrocher mon baccalauréat avec mention pour obtenir une bourse et aller étudier la technologie mais finalement, je n’ai pas eu une mention », se désole-t-il. Dans la foulée, il est admis au concours de l’Ecole nationale des travaux publics (ENTP). En 2013, il sort nanti d’un diplôme d’ingénieur en génie rural. Une année après, il intègre la Fonction publique.

Sa vie associative

La vie associative, Galmai Moussa Abdraman l’a démarrée en 2006. Tout est parti d’un film projeté à la Tente d’Abraham d’Amriguebé. Le film intitulé « Sauvez-moi » parle d’une personne en situation de handicap et qui a besoin de l’aide. A la fin de la projection, l’ingénieur en génie rural a fait le vœu de venir en aide aux personnes vivant avec un handicap. Il offre des tricycles, des fournitures scolaires via son Réseau des personnes handicapées du Tchad (REPHAT) aux personnes vivant avec un handicap. Pour y parvenir, Galmai Moussa Abdraman a initié un projet « Identification des enfants handicapés, leurs Maintien et Suivi à l’École », mais le financement fait défaut à celui qui compte donner une seconde chance aux personnes handicapées.

A travers les réseaux sociaux surtout Facebook, Galmai Moussa Abdraman a lancé l’appel aux personnes volontaires qui ont fait les achats de ces tricycles qui coûtaient presque 100 000 FCFA l’unité, aux personnes nécessiteuses. Plusieurs jeunes en ont bénéficié aussi bien à N’Djamena qu’en province.