Le taux de déclaration de naissances reste très faible au Tchad: 12% seulement des enfants âgés de moins de cinq ans, a noté récemment un spécialiste du gouvernement, qui l’a attribué à un système d’état civil très peu performant face à de nombreuses difficultés.

Le Tchad est un pays qui a connu une longue période de conflits avec les pays voisins et des crises internes. Le système d’état civil a donc connu des dysfonctionnements à ces moments-là qui s’est manifesté par le faible taux d’enregistrement d’état civil“, explique Adoum Moussa Elefi, secrétaire général adjoint du ministère tchadien de l’Administration du territoire et de la Gouvernance locale.

Au Tchad, 12% seulement des enfants âgés de moins de cinq ans ont été déclarés à l’état civil entre 2014 et 2015. Les taux d’enregistrement des naissances restent très faibles et le sont davantage dans les zones rurales. Par exemple, dans la région du Batha, au centre du pays, le taux d’enregistrement des enfants de moins de cinq ans est de moins de 5%.

Dans ce pays d’Afrique centrale, le système d’état civil est confronté à beaucoup de difficultés qui entravent sa fiabilité et ne répond pas aux normes internationales en ce qui concerne l’inscription continue des évènements d’état civil qui sont les naissances vivantes, décès, morts fétales, mariages et divorces. Selon une évaluation faite, il y a quelques années, par le Programme conjoint d’appui à la bonne gouvernance, cofinancé par l’Union européenne, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), les ressources tant humaines que matérielles ne répondent pas aux exigences minimales requises pour avoir un rendement acceptable.

Au niveau des infrastructures, la plupart des bâtiments et matériels, s’ils existent, datent de l’époque coloniale, sinon des premières années d’indépendance. Certains bâtiments sont dans un état de délabrement avancé et dégagent des odeurs insupportables qui forcent les agents à trouver à travailler sous les arbres.

S’agissant des ressources humaines, les personnes, pour ne pas dire agents d’Etat civil qui y travaillent, n’ont pas de niveau dans le domaine. Certaines sont des agents municipaux, des policiers, des secrétaires convertis en agents d’état civil, d’autres des étudiants. Ce personnel non qualifié et mal ou pas du tout formé pour la cause, ignore complètement les règles régissant les pratiques de l’Etat Civil. Ceci entraîne la mauvaise tenue des registres, la mauvaise tenue des archivages, la délivrance dans certains centres des souches des registres aux demandeurs. Il est à souligner aussi qu’une grande partie de ce personnel est âgé et proche de la retraite.

Depuis quelques années, le pays procède à la réforme de sa législation en la matière. Le 10 mai 2013, une loi portant organisation de l’état civil a été promulguée. Elle a pour particularité de rendre universel et obligatoire l’enregistrement de tous les actes d’état civil.

Par ailleurs, un projet d’ordonnance portant création d’une Agence d’état civil au Tchad est à l’étude.

La situation actuelle, note également Bakary Sogoba, chef du Programme Protection de l’enfant à l’Unicef, est inquiétante et démontre la nécessité pour le gouvernement tchadien de prendre les moyens requis pour analyser la situation et mettre en place les moyens qui permettront d’inverser la tendance. “L’acte de naissance détermine l’identité de l’enfant et contribue au respect de ses droits tels que le droit à la protection contre les violences, l’exploitation et les abus, le droit à l’éducation“, conclut M. Bakary Sogoba qui réitère l’engagement de son institution à accompagner le Tchad dans toutes les initiatives visant à améliorer la situation des populations.