Il a été confié à l’ancien président Goukouni Weddeye la charge de faire participer les politico-militaires au dialogue national inclusif programmé entre novembre-décembre prochain. Comment l’ancien chef d’État appréhende sa mission ? 

Depuis son retour d’exil, l’ancien chef de l’État, Goukouni Weddeye se fait discret. Il n’est visible qu’à des grandes cérémonies de la République. Et la porte de sa résidence à Sabangali, dans le 3eme arrondissement de la capitale, N’Djamena ne s’ouvre quasiment pas aux journalistes. Comme par exception, il nous reçoit ce jeudi 2 septembre. Malgré son âge avancé, il se montre encore bien solide sur ses jambes. Boubou blanc, turban, barbichette bien coiffée, l’ancien président admet que sa mission de faire participer les politico-militaires au dialogue national inclusif en vu est difficile et complexe.  


“Nous allons les écouter et leur demander d’assister au dialogue.  S’ils acceptent ou s’ils refusent,  nous viendrons rendre compte à qui de droit ”

— Goukouni Weddeye

« Aujourd’hui, le maréchal n’est plus. Le Conseil militaire de transition (CMT) cherche à regrouper tous les Tchadiens en vue d’un dialogue inclusif.  Alors, je ne peux pas dire que je suis vieux, fatigué […].  je veux aller vers les politico-militaires où qu’il soit, discuter avec eux, et les convaincre de participer à la rencontre », déclare, Goukouni Weddeye.

En effet, le 17 août, le président du CMT le général Mahamat Idriss Deby l’a décrété président du Comité technique spécial chargé de faire participer les politico-militaires au dialogue national. Un choix qui ne s’est pas fait par un claquement de doigt.  

Le président, Goukouni Weddeye a dirigé Tchad de 1979 à 1982 après des années dans le maquis.  Fort de ses expériences, il est indiqué comme un homme de consensus. « Ils sont nombreux les politico-militaires, nous les connaissons tous. On ne va exclure personne, minimiser personne […]. Nous allons les écouter et leur demander d’assister au dialogue.  S’ils acceptent ou s’ils refusent,  nous viendrons rendre compte à qui de droit », souligne le président Goukouni Weddeye.


“Nous devons tout faire pour sauver les intérêts du Tchad  “

Goukouni Weddeye

Pour commencer, l’ancien président tchadien confie que des instructions ont été données par le président de la junte militaire pour que les maisons des politico-militaires transformées en administration publique ou occupées par des tierces soient libérées. Une carte de négociation qui réjouit le président Goukouni Weddeye.  Pour lui, elle laisse comprendre la bonne foi du pouvoir à dialoguer. Le 21 août dernier déjà,   le président transition, le général Mahamat Idriss Deby avait annoncé que les prisonniers de guerre seront amnistiés. Et convoquait les politico-militaires à déposer les armes. Un appel qui a conduit une vingtaine de cadres de l’Union des forces pour la résistance (UFR), a regagné N’Djamena le mardi 24 août.

D’autres forces conditionnent leur participation au dialogue par l’amnistie générale, des garanties de sécurité, la réhabilitation de l’ancien président Hissène Habrè, décédé le 24 août au Sénégal de la Covid19 où il purgeait sa peine à perpétuité.

« Le monde nous observe. Est-ce que nous sommes capable d’être des vrais tchadiens… des responsables ? Si oui, entendons-nous pour participer à ce dialogue inclusif et sauver notre pays. Sauver notre pays et non sauver une personne. Nous devons tout faire pour sauver les intérêts du Tchad », conclut-il.