La pandémie du coronavirus bloque le fonctionnement normal des institutions du pays depuis quelques mois. Alors qu’il est difficile de prédire l’issue de cette crise, faut-il tenir le calendrier des élections législatives et communales ou non ? C’est la nouvelle question qui taraude l’esprit des politiques et crée de la zizanie au sein de l’opposition démocratique.

Le 15 mai, le chef de file de l’opposition, Romadoumngar Félix Nialbé, par ailleurs président du parti Union pour le renouveau et la démocratie (URD) a suggéré le report des élections législatives et communales. Il évoque des raisons sécuritaires et sanitaires. “Il y a la guerre de la secte Boko-Haram contre nos troupes dans le Lac mais aussi cette pandémie qui a bloqué les activités aussi bien économiques que politiques”, a t-il justifié.

Le 14 février, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a fixé la tenue du scrutin pour les 12 et 13 décembre. Après des tiraillements entre majorité et opposition, ce chronogramme a relativement été accepté par toute la classe politique, agacée par les reports répétitifs de ces élections.

Seulement, depuis février, la donne a changé. Le Tchad, à l’instar d’autres pays, est pris dans un combat contre la pandémie du coronavirus. C’est ce qui justifie la sortie du chef de file de l’opposition. Il a estimé que la pandémie impacte les différentes étapes du chronogramme électorale donc sur la tenue du scrutin. “D’ailleurs, la première activité dans le chronogramme de la Céni qui est la révision de la liste électorale et qui devait commencer le 11 mai n’a pas encore commencé. De surcroit, les appareils pouvant nous permettre de commencer la révision de la liste électorale ne sont pas encore arrivés “, a t-il clamé.

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Cette sortie pourtant motivée, n’a pas reçu des échos favorables au sein de l’opposition. Ainsi, Djekombé François, président de l’Union sacrée pour la République (USPR) a dénoncé cette déclaration qui “jette du discrédit sur l’opposition tchadienne“. Mais Djékombé François pousse sa critique loin renvoyant le discrédit sur la personnalité même du chef de file de l’opposition. “Il faudrait qu’on se fasse un peu respecter. Cela amène certaines personnes à comprendre que le chef de file a été placé là par le Mps pour pouvoir faire sa volonté “, a fustigé le président de l’USPR estimant qu’il n’est pas du rôle du chef de file de l’opposition de demander le report des élections.

le 22 mai, c’était au tour de l’Union nationale pour développement et le renouveau (UNDR) de réagir. Dans un communiqué, Laring Baou, Secrétaire national à la communication et aux nouvelles technologies a estimé que : “la covid 19 ne doit pas servir de prétexte pour noyer le processus électoral qui est seul à même de renouveler la confiance du peuple avec ses représentants.” Il justifie sa position en s’appuyant sur l’exemple d’autres pays africains. Le Mali, la Guinée Conackry ou encore le Burundi, dans le même contexte sanitaire, ont pu organisé des élections. Pour lui, les multiples reports des élections législatives et communales sont une “honte” et démontrent de la volonté du président de la République à contrôler tous les rouages de la vie publique.

Pour rappel, l’actuelle législature élue en 2011 devrait finir son mandat en 2015. Pour des raisons économiques et la lutte contre la secte Boko haram qui a fait mobiliser des milliards de FCFA en faveur de la sécurité, ces élections ont subi plusieurs reports.