SOCIETE- L’histoire est juste incroyable. Un jeune homme disparu au milieu des années 1990 est retrouvé en septembre 2019 au village Batchoro, au sud du Tchad par ses parents.

Ses parents l’ont nommé juste Papa. Il n’avait que 6 ans quand il a été enlevé au village Batchoro, dans le département de Tandjilé Ouest alors qu’il sortait pour aller jouer avec ses amis. Désespérés dans les recherches, ses parents ont fait son deuil. Coup de miracle ! Papa, le disparu est retrouvé dans ce même village par sa mère en 2019.

« Mon enfant avait à cette époque 6 ans quand il était porté disparu. Il vivait avec ma sœur dans notre village maternel à Bactchoro. Il s’appelait juste Papa. Je ne pouvais pas dormir toutes les nuits où j’ai passé sans l’avoir retrouvé. Ce mois (septembre) quand je suis allée au village pour le décès de ma mère, je suis partie au champ je vois un homme qui ressemblait à mon petit Papa au milieu des troupeaux derrière ses amis. Toute fatiguée, je me suis rapprochée et je lui ai appelé plus de deux fois le jeune homme répond. J’ai accouru et je lui ai pris dans mes bras », nous confie la maman du disparu. L’incroyable vient de se produire. Durant tout ce temps, Papa a été islamisé et transformé en bouvier. Son maître l’a rebaptisé Djimet. Sa vie était limitée derrière des troupeaux de bœufs.

« J’ai grandi loin de mes parents au milieu des troupeaux. Depuis que j’ai quitté ma mère, mes  frères et sœurs, je n’ai perdu aucun visage d’eux surtout ma mère espérant la retrouver un jour. Quand j’étais kidnappé, ils m’ont fait boire des potions que je ne me souvenais plus de rien. Mais j’ai toujours l’image de ma maman. Nuit et jour je travaillais avec mes amis. Pas une nuit de repos », explique Papa, le disparu  avec des gestes pitoyables.

Souvent torturé par ses chefs, ce jeune homme n’avait pas eu la chance de mener la belle vie. Il a passé toute son adolescence à faire paître les troupeaux de bœufs de ses bourreaux. Et la vie et ses maîtres n’étaient pas du tout tendres avec lui et ses compagnons.  Ils dormaient presqu’avec les animaux, raconte-t-il. Selon lui, la boule n’était pas leur repas. Ils se bourraient le ventre avec la bouillie et la viande. Ils amenaient les troupeaux vers le Cameroun, le Niger, le Nigeria et bien d’autres pays à pied et les chefs les suivaient. « Nous faisons tous ces trajets sans dormir. Nous nous rassurons que tous les troupeaux sont rassemblés sinon nous recevons une punition. Les chefs nous payaient 1 000F, 2 500F et quelquefois 5 000 même. Nous sommes également privés de faire nos besoins sexuels. Nous n’avons pas droit à toucher une femme. J’ai maintenant fait 10 ans dans la brousse du village de Bactchoro. »

Sa cadette qui l’héberge chez elle nous fait savoir que son grand-frère est vraiment souffrant et son alimentation est trop compliquée. « Depuis quelques jours qu’il séjourne chez moi ici à N’Djamena, il ne dort presque pas. Il tousse toutes les nuits et il mange seulement la bouillie et du lait. Je n’ai pas d’argent pour l’emmener à l’hôpital après la semaine dernière ou je lui ai conduit pour faire des examens. Ses pieds sont enflés d’après les médecins il est en manque de sang.» Elle lance une demande d’aide de la part des autorités privées et étatique pour sauver son frère du pire.

Noudjimadji Perline, stagiaire