SOCIETE – L’augmentation des tarifs de boissons crée des crises socioéconomiques au Tchad. Certains détenteurs des bars décident de diminuer l’effectif de leur personnel.

Nous sommes au quartier Abena dans le 7e arrondissement de la ville de N’Djamena. Un quartier réputé pour être un carrefour de la joie par son ambiance et animation chaude. Mais avec l’augmentation des prix des produits des brasseries du Tchad, Abena a l’allure d’un coin mort. Pas d’ambiance, moins encore d’animation. L’axe CA7 reconnu par le nombre de bars et alimentations qui le longent est devenu moins fréquentable. Les bars n’ouvrent que pour quelques temps. Le nombre des consommateurs diminue et le chiffre d’affaire des tenanciers de ces lieux a basculé négativement.  

Comme le dit un adage populaire, prévenir vaut mieux que guérir. Certains détenteurs de ces bars ont préféré remercier un certain nombre de leurs employés afin d’éviter des déficits ou de conflits.

Une alimentation située sur l’avenue Mathias Ngarteri appelé communément axe CA7 emploie environ dix personnes. Mais avec la situation, six servants de ce lieu ont été remerciés par leurs employeurs. Le tenancier explique que l’augmentation a fragilisé son chiffre d’affaire. Donc même s’il les garde, il ne pourra pas les payer comme avant. Ces ex employés ne peuvent plus contredire leur patron ni le faire revoir sa décision.

A RELIRE : Augmentation de prix des bières : les bars sont désertés, les caves se remplissent

Pour Tomtébaye Jonas, père de quatre enfants, l’employé remercié et désormais chômeur, les raisons de son licenciement sont bien valables. « Je ne peux plus dire que le patron est méchant mais moi je sais cette augmentation a vraiment impacté son commerce. Avant on vendait au minimum 20 casiers de bières par jour mais maintenant, nous évoluons avec deux à trois casiers par jour. Donc on va regagner la famille et prier à ce que la situation actuelle change positivement », s’est-il contenté de dire.

Le cas de cette alimentation n’est pas unique. Nous nous sommes rapprochés auprès de plusieurs détenteurs des bars mais la situation est approximative. Certains promettent même de fermer si l’État et les brasseries ne trouvent pas de solution à cette situation.

Guiranodji Roger, un citoyen et consommateur estime que cette situation va faire grimper le taux de chômage au Tchad et la précarité règnera toujours. « Le gouvernement peut avoir une bonne raison de taxer ces produits. Mais est-ce que l’État a mesuré des conséquences sur le plan social ou économique ? », s’interroge-t-il.  « Un bar moyen emploie au moins trois personnes, il y a un gardien, un gérant et un servant. Si on voit le nombre de personnes qui dépendent de ceux-là, combien de personnes vont être privées de nourriture ? Il faut trouver des alternatives à ces gens », a-t-il plaidé.

A RELIRE : les consommateurs passeront ce week-end sans la bière

Selon lui, le gouvernement doit trouver des alternatives pour pallier cette situation. L’Etat ne doit pas prendre des décisions sans ignorer les conséquences qui vont en découler, assène-t-il. Mais la situation ne fait que perdurer. Les brasseries du Tchad n’entendent pas céder ; l’Etat non plus ne réagit. Les grossistes et les revendeurs ne font que renouer avec la grève. Les dégâts ne font qu’augmenter.