Le rappel par l’Union africaine de sa décision de non éligibilité des membres des organes de transition aux élections post-transition continue par susciter des réactions au sein des organisations de la société civile.

Le communiqué du Conseil Paix et Sécurité (CPS) de l’Union africaine, publié le 11 mai 2023 sur la transition en cours au Tchad continue de susciter des réactions des organisations de la société civile tchadienne. Par point de presse et communiqués, elles appellent le CPS à reconsidérer sa position sur l’inéligibilité des dirigeants de la transition.

Pour le coordonnateur du Mouvement d’action populaire aux personnes handicapées (MAPH), Mbaiodji Djingambaye Ghislain, le point 3 (l’inéligibilité des dirigeants de la transition) du communiqué du CPS est en totale contradiction avec le point 6 dudit document. En effet, dans le point 6, le CPS demande aux autorités de mettre en œuvre les conclusions du dialogue national inclusif et souverain. Alors que ces conclusions donnent le feu vert à tout Tchadien de candidater librement aux élections, s’il remplit les conditions légales.

Même son de cloche du côté de la Plateforme Le Tchad d’abord. D’après son coordinateur, Mahamat Saleh Moussa, le CPS s’est retrouvé piégé dans « sa propre contradiction ». « Le CPS demande aux autorités de mettre en œuvre les résolutions du DNIS et en même temps exige que les dirigeants de la transition ne doivent pas se présenter aux élections post-transition. C’est paradoxal », analyse-t-il.

Pour le coordinateur du Mouvement Citoyen Notre Tchad, Dr Korom Acyl Dagache, l’heure n’est pas aux tergiversations mais à la mise en œuvre des conclusions du DNIS. « L’éligibilité de tout Tchadien a été décidé lors du DNIS, ce n’est un secret pour personne. Ce n’est plus le moment de remettre ça en cause », affirme-t-il. Pour lui, l’Union africaine doit plutôt plaider auprès des bailleurs de fonds pour aider le Tchad à organiser le référendum constitutionnel et les élections pour un retour à l’ordre constitutionnel.

Pour le coordinateur de l’ONG Tous unis, Mbalaissem Jonas, cette sortie du CPS est “bancale”. Il rappelle que la souveraineté de tout pays est un principe sacro-saint qui appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie des consultations politiques. Et d’après lui, le peuple tchadien a exprimé sa souveraineté à travers le dialogue national inclusif et souverain. Messe assortie de grandes résolutions parmi lesquelles l’éligibilité de tout Tchadien remplissant les conditions légales. “La volonté du peuple a été consacrée par les recommandations et les résolutions du DNIS qui ne souffrent d’aucune ambiguïté”, cite-t-il Dr Afindo, éminent constitutionnaliste. Par conséquent, elle trouve que la décision du CPS est “dictée par une politique de nuisance et tendant à jeter le discredit sur les efforts déployés par les autorités de la transition.”

Si toutes ces organisations appellent le CPS à reconsidérer sa position, elles saluent néanmoins le soutien apporté par l’Union africaine depuis le début à la transition au Tchad.