Le Tchad risque de connaître bientôt une rupture des denrées de premières nécessité. Des commerçants alertent sur les difficultés de transfert d’argent pour importer ces produits.

Le Conseil national des Importateurs, Transitaires et Exportateurs (CONITE), vient d’entamer une vaste campagne de sensibilisation des commerçants grossistes, détaillants et autres sur le respect des prix des denrées de premières nécessités exemptés de toutes taxes dans le cadre du concept “Juste Prix“.

La campagne a été officiellement lancée ce samedi 26 octobre 2019, au marché à Mil de N’Djaména et devra se poursuivre dans les autres centres commerciaux et à l’intérieur du pays. Mais seulement, les commerçants confrontés à des difficultés d’envoyer de l’argent à partir du Tchad vers l’extérieur, alertent sur une éventuelle rupture des denrées de premières nécessités exonérées par le gouvernement.

Cependant, jusque-là, malgré les difficultés d’importation de certains produits, les opérateurs économiques respectent les prix fixés par le gouvernement de commun en accord avec tous les acteurs du secteur.  Des pâtes alimentaires à l’huile en passant par le sucre et autres denrées, ces produits sont vendus aux prix homologués. 

L’inquiétude des hommes d’affaires tchadiens est qu’ils n’arrivent pas à transférer de l’argent depuis plusieurs mois vers les pays où ils doivent acheter ces produits pour importer au Tchad. Le vice-président du CONITE, Al-Hadj Hassan Abdraman Abakar, par ailleurs importateur des pâtes alimentaires et de l’huile végétale, souligne que malgré les rencontres avec les autorités en charge de la question les difficultés demeurent. Selon lui, tant que les commerçants n’ont pas la possibilité de faire de grosse transaction, il leur sera très difficile de faire des affaires avec des pays étrangers.

« Nous sommes confrontés à des difficultés de tous genres. Pour transférer un gros montant à un client ou à une société à l’extérieur, il y a trop des tracasseries. On exige de nous plusieurs papiers, et même là, souvent, nous ne pouvons pas effectuer cette opération. Je pense que si le gouvernement souhaite pérenniser ce concept de juste prix, il doit permettre aux commerçants d’envoyer de l’argent et importer ces produits. A cet effet, nous demandons l’implication personnelle du chef de l’Etat Idris Déby Itno, qui se soucie du bien-être des Tchadiens afin de décanter cette situation qui n’a que trop duré », sollicite le vice-président du CONITE.

Justement un détaillant du marché à Mil renseigne qu’il y a quelques jours, les pâtes alimentaires ont déjà connu une rupture, qui a failli avoir des conséquences sur les prix. Cet opérateur économique tout en rassurant que, les prix fixés dans le cadre de l’initiative « Juste Prix » sont toujours respectés, mais à la longue, les commerçants seront obligés de revoir en hausse les prix.

L’autre problème évoqué pendant cette séance de sensibilisation est les tracasseries sur l’axe Douala-N’Djamena. Les commerçants rapportent que les différents points de contrôle et les multiples ponts-bascules pèsent énormément même si au niveau de la Douane, le respect de l’arrêt exonérant est respecté dans tout son esprit.

Le représentant du CONITE, dans le comité du suivi de « Juste Prix », Ali Abdallah Youssouf, après avoir constaté la mise en application effective de ce concept promet de remonter les difficultés des opérateurs économiques à qui de droit pour éviter une situation de rupture des denrées alimentaires.

« Commerçants, importateurs, soutenons les efforts du président de la République qui a instruit l’exonération de certains produits alimentaires pour alléger la souffrance des Tchadiens », appelle-t-il. Ali Abdallah Youssouf invite tous les commerçants sur l’ensemble du territoire national à respecter les prix des denrées alimentaires et autres vitaux.