Portrait – Elle est la seule réfugiée à travailler à la radio Réveil de la ville de Goré dans le département de la Nya-Pendé, province du Logone Oriental au sud du pays. Déroh Bénédicte habite au camp des réfugiés d’Amboko. Qui est-elle ? Portrait. 

« Bénédicte est une femme qui se bat », c’est la description de Bénédicte par ses collègues journalistes. Cette réfugiée centrafricaine de 42 ans a foulé le sol tchadien en 2003. Déroh Bénédicte, installée sur le camp des réfugiés d’Amboko, à 7Km de Goré, fait des navettes tous les jours pour se rendre à son lieu de travail, la radio Réveil Fm.

Dès son jeune âge, Deroh Bénédicte a toujours été passionnée par la radio. « Pour ce qui est de mon intérêt pour le journalisme, je dirais que c’est une question de passion car c’est depuis mon plus jeune âge que la radio, le journalisme m’intéressait. Il y avait dans mon pays (RCA) une maman journaliste qui m’a marquée par son travail alors je voulais moi aussi ressembler à cette dame. J’ai toujours voulu parler à la radio pour servir la communauté »,  explique Bénédicte avec un léger sourire.

En 2008, après l’obtention de son baccalauréat, cette jeune femme, pleine d’ambition, voit sa vie basculer. Elle obtient la bourse Dafi, offerte par le Haut-Commissariat des Réfugies. Cette bourse lui a permis d’étudier au Cameroun à Yaoundé où elle sort respectivement avec un Diplôme Universitaire de Technologie spéciale en journalisme et une licence professionnelle en communication des organisations et relations publiques.

Visiblement, elle est prête à tout pour atteindre ses objectifs. Pour sa première fois, elle réalise enfin son rêve, celui d’être journaliste. Cette passionnée du journalisme a été embauchée en 2019 comme volontaire en qualité d’animatrice et productrice des émissions à la radio ’’SHI MADJI’’ de Goré, dans le département de la Nya-Pendé. Aujourd’hui, cette mère de 4 garçons assure  le poste de Secrétaire de rédaction à la radio Réveil FM.

Dénéregnodji Félicité, journaliste à la radio Réveil, admire le dévouement de son collègue : « Bénédicte est une femme qui se bat vraiment. Quitter 7 km de Goré tous les matins et soirs pour être à la radio, ce ne sont pas tous les maris qui acceptent. Au départ, il était d’accord, mais vers la fin ce n’était pas facile, mais elle se force toujours à venir. C’est une femme qui aime vraiment le métier, elle aime collaborer avec nous surtout. S’il y a un truc qu’elle ne comprend pas, elle n’hésite pas à demander de l’aide. Parfois, quand elle n’arrive pas à venir à la radio, depuis le camp là-bas, elle fait de son mieux pour envoyer un reportage par internet », relate Félicité.

Elle bénéficie pour la deuxième fois du projet Afri’kibaaru. Bénédicte a suivi pour la première fois lors de cette formation les fondamentaux du journalisme puis la formation des journalistes à intégrer les objectifs de développement durable (ODD) et genre dans leur production médiatique. A la suite de ces formations, la jeune dame se dit désormais aguerrie à mieux produire. « Ces formations m’ont particulièrement beaucoup aidée dans la pratique du journalisme, notamment les méthodes de traitement des informations et comment se prendre sur le terrain. Je plaide pour que ces formations se perpétuent afin de nous aider davantage à faire le travail dans nos médias. »

Afin de relever quelques défis liés au journalisme auxquels elle est confrontée, la secrétaire de rédaction rassure sans prise de tête : « Les défis que je peux relever aujourd’hui en ce qui concerne le traitement des informations sont énormes. A l’exemple de l’éducation des filles qui est un sujet relatif aux ODD, je pourrai mieux m’y prendre dans l’avenir. Désormais, pour pouvoir mieux traiter les questions liées aux ODD, je dois être à mesure désormais de mettre en application les techniques apprises au cours des formations ».

Un portrait réalisé dans le cadre du projet Afri’kibaaru porté par CFI