Malgré des actions menées par des associations féminines et certaines ONG, des femmes continuent de subir des violences dans le silence. Tchadinfos a recueilli le témoignage d’une victime de violences conjugales, Djiguimta Charlotte.

« Aujourd’hui, je ne peux pas accepter que des femmes soient victimes de violences », clame Charlotte d’un air déterminé. Auprès d’elle, son fils joue sous son regard. « Ce n’est pas facile de raconter cette histoire, mais si cela peut exhorter d’autres femmes je le ferai », indique-t-elle.

La femme au teint noir racle sa gorge et entame son histoire: « Moi et mon mari sommes mariés depuis 2015. Au début de notre union, j’avais voulu qu’on reste un peu avant de concevoir un enfant. Une idée à laquelle il s’est opposé catégoriquement. Je me suis soumise, et on a eu un enfant ».

Elle ralentit, observe un silence, puis reprend. « Quelques mois plus tard, le père de mon enfant a été affecté en tant qu’agent dans une entreprise de téléphonie mobile à Moundou (capitale économique du Tchad). Avec son autorisation, je l’ai regagnée. Nous habitions une maison en location. A la fin du mois, il perçoit son salaire et me donne 10.000 francs pour la ration du mois. Pour le loyer, il n’en tient pas compte », soupire-t-elle.

Calvaire dans le silence

Après quelques mois, charlotte constate un changement de comportement de son époux. « Il rentre rarement après le travail ». Malgré des tentatives de dialogue, le problème s’accentue. « Je reçois les coups à chaque fois que j’évoque le sujet. Au fil du temps, il ne vient plus à la maison », se remémore-t-elle. Une circonstance qui oblige la chrétienne catholique à chercher d’autres issues pour tenir tête à la faim. « J’ai pris un plateau pour me faire une place au marché. Je vendais du sel pour assurer la pitance journalière et payer le loyer », confie la jeune maman.

La situation persiste. L’écolière de l’époque décide de saisir une ONG pour sa défense. « Là encore quand il a appris, il m’a convoqué au commissariat central de ladite ville. Malheureusement pour lui, sa plainte n’a pas porté du fruit. C’est ainsi qu’avec l’ONG, nous avons transmis le dossier devant les juridictions ». Après des démarches et examination du dossier, le procureur a tranché. «Mon homme doit verser 30 000 francs pour la ration chaque mois ». Une décision qui a été exécutée partiellement. « Au premier mois, il a versé, mais après je ne percevais plus rien ». L’ONG a pris à bras le corps cette situation. «Elle a interpellé le procureur qui a décidé de faire enfermer mon mari. Maintenant, je perçois tous les deux mois la moitié de la somme qui a été exigée de mon mari ».

Toutefois, loin de ses camarades de classe, Charlotte est nostalgique. « J’aurais aimé être sur les bancs de l’école et connaître totalement mes droits». Entre un foyer marquée par la violence et une vie hors du foyer, Charlotte choisirait le second. « Les femmes qui subissent des violences doivent saisir des associations et ONG pour arracher leurs droits », conseille-t-elle.