N’DJAMENA, 20 février (Xinhua) — En visite au Tchad, une quarantaine d’hommes d’affaires français ont multiplié les contacts avec les autorités et opérateurs économiques du pays et scruté les possibilités d’investir dans un marché de près de 12 millions d’habitants où la Chine est très présente.

“La délégation venue à N’Djaména est pluridisciplinaire. Ce ne sont pas des entreprises touristes qui viennent et qui vont repartir. Il y a là des gens qui sont convaincus et qui ont une connaissance très précise de l’évolution positive de l’économie [ du Tchad] avant leur déplacement”, a déclaré à Xinhua Michel Roussin, vice-président du Mouvement des entreprises de France (MEDEF).

Selon l’ancien ministre français de la Coopération internationale sous François Mitterrand, l’arrivée du MEDEF dans la capitale tchadienne traduit une volonté d’avoir des informations très directes avec les autorités tchadiennes en vue de lancer le partenariat sollicité un an et demi plus tôt par le président Déby Itno.

Ainsi, mis à part le chef de l’Etat tchadien, les patrons franç ais ont rencontré, au cours de leur séjour de soixante-douze heures qui s’est achevé jeudi dans la capitale tchadienne, le Premier ministre KalzeubéPayimi Deubet, des membres de son gouvernement, les membres du Conseil économique, social et culturel (CESC), les opérateurs économiques,etc.

Le MEDEF, selon son vice-président, c’est 8.000 entreprises adh érentes, dont 835 sur l’Afrique. Elle est venue à N’Djaména avec la volonté, non seulement de renouer des contacts avec le secteur privé tchadien, mais aussi pour s’inscrire dans des activités de longs termes. “Les mentalités changent. Les entreprises doivent se développer au grand export. Les entreprises françaises ont décidé de reprendre le chemin du Tchad ou s’installer au Tchad”, a précis é M. Michel Roussin.

Au Tchad, pays encore “vierge”, les perspectives qui inté ressent les investisseurs français sont nombreuses: industries agroalimentaires, textiles et extractives; agriculture; élevage; é nergies renouvelables; tourisme; logements sociaux; télé communications; transports; etc.

“La France doit reconquérir la place qui était la sienne il y a quelques années, en particulier avec des entreprises compétitives existantes qui, par la suite, ont laissé leurs parts du marché aux autres, à l’instar de la Chine”, a déclaré mercredi le président D éby Itno à la délégation du MEDEF.

“La nature a horreur du vide. Quand vous laissez un vide, l’air vient le remplir. La Chine est venue remplir le vide que vous avez abandonné, mais il n’est pas trop tard”, a-t-il ajouté à “la crème essentielle de l’entrepreneuriat français”.

Si, pendant de longues années, le Tchad a été marqué par une instabilité qui a fait fuir les opérateurs économiques étrangers, notamment les Français, il “est définitivement sorti de cette pé riode-là et a pris le premier wagon du développement”, a rassuré son leader.

Pays d’Afrique centrale enclavé entre le Cameroun, le Nigeria, le Soudan ou la Libye, le Tchad a en effet sensiblement amélioré son environnement des affaires, aujourd’hui propice et matérialisé par un taux de croissance à deux chiffres (projeté à 12% pour 2014) .

Son autre atout majeur est la mise en place d’un Guichet unique au sein de l’Agence nationale pour les investissements et exportations (ANIE), qui facilite la création de nouvelles entreprises. Avec ce Guichet unique, véritable raccourci, il n’est plus besoin de faire le tour des ministères, comme par le passé, pour obtenir l’ensemble des documents nécessaires à la création d’une entreprise.

Selon le président Déby, la conjoncture actuelle et les perspectives économiques du Tchad offrent une opportunité majeure aux hommes d’affaires français d’investir et de s’implanter par la délocalisation de leurs industries, afin de conquérir le marché national, mais aussi africain de manière générale, compte tenu de la situation géographique de son pays en Afrique centrale.

S’il exhorte les Français à revenir investir chez lui, le chef de l’Etat tchadien n’oublie pas que le développement de son pays ne se fera pas sans la Chine. “La Chine restera aussi, pour le Tchad, un ami et partenaire crédible dans le cadre des affaires”, a réaffirmé le président Déby Itno.

La coopération entre le Tchad et la Chine, reprise il y a un peu plus de six ans, reste un modèle de transparence qui a porté beaucoup fruits appréciés des responsables tchadiens: des routes, des ponts, une cimenterie, une raffinerie, un siège flambant neuf récemment offert à l’Assemblée nationale tchadienne, etc.

Des compagnies chinoises sont également présentes dans l’exploration et l’exploitation du pétrole tchadien.Avec des relations aussi fructueuses qu’excellentes, il sera très difficile pour les Français de rattraper le retard pris sur les Chinois dans son ancienne colonie.