SOCIÉTÉ – Mbaiguedem Richard, jeune homme de 19 ans, est mort mercredi à N’Djamena. Sa famille accuse la police de l’avoir torturé durant sa détention. Tchadinfos.com revient sur l’affaire.Voici ce que nous savons de cette affaire.

– La bagarre du 1e mai

Dans un bar du quartier Moursal, ce 1er mai, jour de la fête du Travail, une bagarre éclate entre deux jeunes : Mbaiguedem Richard, 19 ans, et son présumé rival du même âge, selon les témoins.

Le premier accuse le second d’avoir dragué la même fille que lui. Et les coups de poing s’enchaînent.

– La garde à vue

Très vite, la police intervient. Elle arrête les deux bagarreurs. Ces derniers sont envoyés au Commissariat de sécurité publique du 6e arrondissement (CSP 6). Le rival de Mbaiguedem Richard sera libéré mais Mbaiguedem Richard, lui, restera en détention. La cause ? L’amende de 24 000 francs CFA, exigée par l’officier de police judiciaire, qui n’aurait pas été versée, croit savoir un des amis de la victime. Toutes nos tentatives pour joindre la police n’ont pas abouties.

Mbaiguedem Richard sera maintenu en détention pendant six jours. Selon la famille, le jeune homme a été “torturé” en prison. Le mardi 7 mai, autour de 17 heures, il est enfin libéré par la police parce que “sa situation ne tenait pas”, selon des amis qui l’ont ramené chez lui.

Une fois à la maison, le jeune homme respirait difficilement et commençait à “délirer”, selon la famille. Celle-ci, soutenue par des jeunes du quartier, décide alors de le ramener dans les locaux de la police pour une éventuelle prise en charge. Après quelques tractations, la police accepte de conduire Mbaiguedem Richard à l’Hôpital général de N’Djamena, où il succombe le lendemain vers midi.

Mbaiguedem Richard était amoureux de la danse. Il évoluait dans ce milieu depuis plus de quatre ans. Il a joué au sein plusieurs groupes, entre autres “Riche gang” et “City gang”.

Mbaiguedem Richard, 19 ans, décédé le 8 mai 2019.
– Le soulèvement

Ayant appris la mort du jeune homme, les camarades, amis et membres de la famille de la victime descendent dans la rue afin de manifester leur mécontentement. Ils prennent d’assaut l’axe reliant le rond point Aigle au rond point Centenaire et le CSP 6.

Dépassé par la situation, le CSP 6 fait appel au Groupement mobile d’intervention de la police (GMIP). Ce sont d’ailleurs des éléments de GMIP qui parviendront à disperser les manifestants. Mais pas pour longtemps.

Quelques heures plus tard, un deuxième soulèvement a lieu. Des jeunes s’attaquent au commissariat, tentant d’y pénétrer. Des policiers commis à la garde tirent des balles réelles en l’air. Une fois de plus, le GMIP intervient pour disperser les manifestants.

– La situation actuelle

Le jeudi 9 mai, la voie est toujours bloquée devant le commissariat du 6e arrondissement et sept véhicules du GMIP sont encore positionnés dans le quartier. Mais la situation est revenue presque à la normale.

Des jeunes du quartier campent au lieu du deuil et déploient quelques pancartes de soutien à Mbaiguedem Richard, “victime”, selon eux, de la “cruauté”.

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