N’DJAMENA, 30 octobre (Xinhua) — Pour l’éclairage public de la capitale tchadienne, les autorités communales et nationales misent désormais sur l’énergie solaire, avec lappui des partenaires dont la Chine.
“Le rôle de l’éclairage public est essentiel dans une cité qui se veut moderne. Il servira, en priorité, à améliorer la sécurité des usagers des voies publiques”, déclare Saleh Abdel- Aziz Damane, maire de la ville de N’Djaména, capitale du Tchad.
Depuis deux ans, les autorités municipales et nationales tchadiennes ont entrepris un ambitieux programme de modernisation de leur capitale. Pour faire de “N’Djaména la vitrine de l’Afrique centrale” (selon le slogan en vogue), des immeubles modernes et ultramodernes poussent à travers la ville, de la bitume coulée ici et là, sans compter les nombreuses infrastructures socioéconomiques.
“La capitale tchadienne bouge”, affirme M. Saleh Abdelaziz Damane. Mais en dépit de cette modernisation, N’Djaména, à l’instar des autres grandes villes du Tchad, est confrontée à un grave déficit énergétique. Plus de 80% de l’énergie produite par la Société Nationale d’Electricité (SNE) est consommée à N’Djaména; pourtant, c’est seulement le tiers de la ville qui est électrifié. Seules les rues bitumées sont éclairées la nuit, le plus souvent à tour de rôle, à cause de délestages récurrents.
Il y a une semaine, l’ambassade de Chine au Tchad a offert à la mairie de NDjaména 150 candélabres solaires, fournies par la société chinoise ZTE Corporation, spécialisée dans la fourniture globale d’équipements télécoms et de solutions de réseaux. Après avoir affirmé sa présence en Asie et en Europe, ZTE Corporation poursuit ainsi son développement à l’international, en offrant ses solutions et services à l’Afrique, où il a établi des bureaux commerciaux dans 48 pays dont le Tchad où il est présent depuis 2007.
Les lampadaires offerts par la ZTE Corporation, d’un montant de 400 millions F CFA (environ 800.000 USD), serviront éclairer deux grands boulevards de la capitale sur une distance de 5 kilomètres, dont le boulevard de Gaoui, dans le IXème arrondissement.
“Ce projet d’éclairage public entre dans le cadre de l’accord de coopération économique et technique signé le 23 décembre 2010, entre les gouvernements chinois et tchadien”, explique le maire de N’Djaména. Le projet qui devra démarrer au plus tard en avril 2014, s’étendra à d’autres boulevards, pour donner à la capitale tchadienne “une vie la nuit”.
Hauts de 7,5 mètres, les lampadaires sont dotés chacun de deux panneaux photovoltaïques (de 17,5 volts chacun), de deux batteries (de 12 V 200 Ah, chacune), enfouies dans le sol, d’une lampe économique de 56 watts, d’un contrôleur et d’un coffret pour les batteries. La durée d’illumination est de 10 heures par jour dont 100% pendant les 5 premières heures. Même en saison des pluies, la lampe s’allume successivement pendant trois jours.
“Ces lampadaires, qui s’allument et s’éteignent automatiquement, ont, non seulement les capacités de fonctionner durant toute la nuit, mais peuvent aussi marcher continuellement pendant trois jours sous la pluie. Les batteries, qui n’ont plus besoin d’entretien après son installation, peuvent durer quinze ans, à l’usage sous 25°C”, précise Eric Téguidé, ingénieur après- vente de ZTE Corporation. Le service après-vente prévoit une garantie d’une année pour le système solaire, en plus des pièces de rechange.
Pour Mahamat Senoussi Cherif, directeur général de la SNE, qui salue le don “des amis Chinois”, il est temps d’étudier la possibilité de changer le système thermique par le système solaire, dont les ressources sont gratuites et énormes, et ne demande pas beaucoup d’efforts.
Pour sa production thermique, la SNE qui a le monopole de la distribution de l’électricité au Tchad, est confrontée au prix élevé du combustible et les difficultés d’approvisionnement, ceci se traduisent par un coût de production du kWh très élevé, et le déséquilibre entre les prix de revient et les recettes crée un déficit structurel. Ses relations financières avec l’Etat, son principal client, sont marquées par une sous-budgétisation des consommations d’eau et d’électricité des services publics, un retard dans le paiement des factures et le non-paiement par le Trésor public des chèques des institutions et municipalités à gestion autonome.
“Face à tous ces problèmes, le solaire est une alternative très intéressante”, insiste Mahamat Senoussi Cherif.
Le Tchad, vaste pays d’Afrique sahélienne, dispose d’importantes potentialités, telles l’éolien, le solaire et la biomasse. “Du Nord au Sud du pays, le soleil brille de 2.750 à 3. 250 heures par an. Ce qui donne en moyenne 4 à 6 kilowatts/heure par mètre carré et par jour”, indique Mbatna Jean-Paul, chef du projet Tchad énergies renouvelables (Tchad EnR). Alors que l’hiver a même déjà commencé, le thermomètre continue à tourner autour de 35° C à l’ombre dans la capitale tchadienne.
Pour l’éolien, suivant les résultats des mesures satellitaires, il ressort que le Tchad est doté d’un gisement très important dans les régions du nord (où il y a deux chaînes montagneuses), de même que dans les régions du centre et du sud.
Mais toutes ces ressources d’énergies renouvelables, bien qu’abondantes, n’apparaissent pas au bilan énergétique du Tchad en raison essentiellement de leur faible niveau d’exploitation: 3 à 4 % d’électricité d’origine thermique, contre 6 à 7% de produits pétroliers et plus de 90% de bois de chauffe et de charbon de bois.