REPORTAGE- Ils font partie des couches vulnérables les plus touchées par les effets de la pandémie à coronavirus depuis l’instauration des mesures pour contrer la propagation de ce virus.

Vivant dans les marchés, dans les ronds-points, dans certains couloirs et abords des rues de la capitale , ces enfants démunis ont vu leur situation précaire se détériorer avec la crise sanitaire liée à la maladie à coronavirus.

Au marché de Moursal, dans le 6e arrondissement, une dizaine de jeunes âgées de 11 à 23 ans sont regroupés devant une chambre inachevée devant servir de boutique. Ils vivent dans ce marché depuis bientôt cinq ans.

Ce matin, trois d’entre eux sont couchés sur une bâche usée et un autre est assis devant cette maison de fortune. Les yeux rougis, le visage pâle, le gamin traine à répondre à notre salutation. Il finit par nous répondre d’une voix basse.  A la question de savoir ce qui l’a mis dans cet état, le jeune s’est irrité automatiquement.  Un boutiquier à côté a répondu en disant que ça fait exactement trois jours que ce plus petit parmi eux dit n’avoir pas eu à manger. Le mini-restaurant d’à côté est fermé.

Selon ce boutiquier, avant la prise des mesures portant fermeture des restaurants, certains de ces enfants s’activaient autour de ces lieux pour se nourrir des résidus des plats consommés par les clients. D’autres par contre rodent dans les dépôts d’ordures pour ramasser les bouteilles en plastique et les vendre aux commerçants d’huile et produits liquides.

Les conséquences  du confinement sont dramatiques

Depuis le 31 décembre 2020, bien qu’ils nichent toujours dans le même endroit, la vie est devenue encore plus difficile pour eux. Il est possible de voir ces enfants tourner dans le quartier, en se demandant : « où vais-je trouver à manger aujourd’hui ? »  Quelques-uns d’entre eux prennent le courage d’aller  quémander à manger auprès des ménages généreux et voisins même si quelques fois, ils  sont aussitôt refoulés.

Nous sommes allés à la rencontre d’Aleva Ndavogo Jude, un jeune danseur qui s’occupe de ces enfants à travers la réinsertion par la  danse depuis 6 ans.  Il a mis sur pied le centre d’accueil des enfants “Dakouna Espoir” dans le même arrondissement pour les prendre en charge.

Comment il prend en charge les jeunes de ce centre pendant cette période marquée par le covid-19? A cette question, Aleva, regard perdu dans le vide, nous a laissé entendre avec un soupir: « franchement je ne sais pas par où commencer mais nous sommes dépassés par la situation ».  Il fait comprendre que la prise en charge alimentaire de ces démunis est devenu très difficile pour lui et les partenaires.

Il souligne aussi qu’outre l’appui de ses partenaires, les ressources financières de ce centre proviennent des prestations de danse de ces enfants dans les espaces culturels qui sont actuellement fermés.  D’une soixantaine dans le passé, le centre se trouve à présent avec une centaine de jeunes à sa charge.  Aleva Ndavogo Jude a justifié l’augmentation du nombre de ces enfants par les mesures édictées par le gouvernement qui forcent certains enfants à se réfugier dans son centre pour avoir de quoi mettre sous la dent.

Il appelle donc le gouvernement à songer à ces jeunes qui sont parmi les couches les plus impactées par les mesures contre la pandémie du coronavirus.