Allafi Agnès Maimouna est la dame qui a eu le mérite d’organiser la première édition de la Semaine nationale de la femme tchadienne (SENAFET) en dehors de N’Djamena. Mais l’histoire parle peu d’elle.

Elle est peu connue par les générations actuelles et même oubliée par ceux qui la connaissent. Pourtant, Agnès Allafi Maimouna est cette femme qui a joué un rôle crucial dans la lutte pour les droits et l’autonomisation de la femme tchadienne.

La délocalisation de la Semaine nationale de la femme tchadienne (SENAFET) dans les provinces a été son initiative, alors qu’elle était ministre en charge de l’action sociale. Mais la fête se fait sans que l’on ne fasse référence à elle. Aucun hommage à cette brave dame qui est rongée par une maladie depuis quatorze ans.  

Tout a commencé lorsqu’elle a organisé pour la première fois la SENAFET en dehors de la capitale, à Abéché en 1998. Un grand événement qui s’est annoncé dans une des plus grandes régions du pays mais elle n’avait que 5 millions FCFA pour l’organiser.

Allafi Agnès, connue pour sa bravoure et son courage, a toqué à toutes les portes pour trouver du financement afin de relever ce défi. Elle se souvient encore lorsqu’elle avait dit avec des larmes aux yeux, en plein conseil des ministres au président de la République « si tous les hommes occupent le terrain de foot, c’est bien la femme qui contrôle la surface de réparation. »  Avec un sourire, le président a demandé à son ministre des Finances de l’époque, Bichara Daoussa, de lui compléter l’argent. « Je suis la fille d’un riverain donc je n’ai pas peur de l’eau et c’est comme ça que je me suis lancée à l’eau », raconte-elle.

Une femme de terrain  comme elle se définit, Agnès Allafi est d’abord l’incarnation de toutes les cultures du Tchad. Pour la SENAFET, elle est descendue pour la première fois avec les autres femmes des provinces, à Abéché avec un avion militaire. Le Ouaddaï est une région qu’elle connaît mais qu’elle n’y a jamais mis pied. Après la SENAFET, elle a organisé une foire à Abéché mobilisant tous les Tchadiens et qui a généré plus de 60 millions FCFA pour la région du Ouaddaï.

Malgré sa maladie, elle dit être toujours prête à servir le pays. Néanmoins, Agnès se sent abandonnée par les autorités. «  Ça ne sert à rien de se plaindre, il faut que les Tchadiens retournent à la terre car elle nourrit l’homme », conseille-t-elle.