Des milliers d’enfants d’Abéché dans la province du Ouaddaï attendent la délivrance de leurs actes de naissance. Une situation inquiétante pour les parents de ces enfants.

Ismaël est en colère. Depuis plus cinq mois, il ne fait que venir à l’hôtel de ville d’Abéché, province du Ouaddaï. Ce matin encore, la quarantaine, dans son grand boubou, s’est rendu dans le même bureau de la commune.  Aujourd’hui aussi, il est venu s’informer de l’état d’avancement de la délivrance de l’acte de naissance de son enfant.

À la sortie du bureau, visage ferme, Ismaël affiche l’insatisfaction. « Ça fait des mois que je fais ses va-et-vient sans avoir une réponse satisfaisante. Je ne comprends pas pourquoi la mairie ne parvient plus à délivrer des actes de naissance », s’interroge-t-il.

Comme lui, Abakar s’inquiète de cette situation. Il doit envoyer ses deux enfants à l’école cette année et aucun d’eux ne dispose d’un acte de naissance. L’ainé aura à composer le concours d’entrée au premier cycle du secondaire et le benjamin ses premiers pas à la maternelle. 

À la mairie de la ville d’Abéché, le problème se justifie par le manque de registre de naissance. « La mairie ne dispose plus d’un seul registre de naissance », a fait savoir le maire de la ville, Mahamat Saleh Ahmat Adam. « La déclaration de nouveau-né se fait à l’hôpital provincial, les extraits de naissance sont envoyés à l’état civil de la commune mais hélas nous ne disposons pas de registre de naissance pour délivrer les actes de naissance à ces enfants », regrette-t-il. Selon ce dernier, depuis que l’Etat a décrété la gratuité de ce document, la demande se fait de plus en plus. Malheureusement, déplore-t-il, les cinq cents registres de naissance envoyés par le ministère d’Administration du territoire n’ont pas suffi pour enrôler les nouveau-nés d’Abéché. « Un appel est lancé aux autorités centrales et à l’Unicef de nous appuyer », a sonné le maire de la ville. Car, sans ce document, ces enfants ne seront que des apatrides.