La Haute autorité des médias et de l’audiovisuel (HAMA) organise du 25 au 26 août 2021 à N’Djamena un atelier sur « le rôle et les missions des médias dans le processus du dialogue national inclusif ». La première communication sur l’évaluation et l’analyse des processus de dialogue au Tchad de 1960 à 2021 a été faite par l’historien Arnaud Dingammadji.

Selon l’historien, Arnaud Dingammadji, depuis l’indépendance, il y a eu une trentaine d’initiatives de dialogue qu’il a regroupé en trois périodes : Tombalbaye-Malloum de 1960 à 1979 (congrès d’Abéché puis de Fort Archambault 1 et 2 sous Tombalbaye ; les accords de Khartoum, les rencontres de Kano 1 et 2 et de Lagos 1 et 2 entre le Conseil supérieur militaire et le Conseil de commandement des forces armées du Nord) ; Goukouni-Habré de 1979 à 1990 (les rencontres d’Addis-Abeba, de Brazzaville 1 et 2, de Bamako, de Lubomo) et Idriss Déby de 1990 à 2021 (Conférence nationale souveraine, table ronde de Franceville, les mini-dialogues ayant conduit à la démocratie consensuelle et participative et l’accord politique du 13 août 2007, et les deux fora de 2018 et 2020).

Ainsi, pour Arnaud Dingammadji, le Tchad est « champion africain » en nombre de dialogue mais globalement le bilan est négatif. C’est donc « 61 ans de dialogue stérile et d’occasions manquées », indique-t-il.

L’historien a énuméré plusieurs causes qui ont fait échouer les différentes initiatives de dialogue :

  • Conception du dialogue par le dirigeant en place ;
  • Démarche qui manque de sincérité et de bonne foi ;
  • Déviation des recommandations ;
  • Exclusion de certains acteurs ;
  • Attitude intransigeante des opposants ;
  • Raisons de sécurité ;
  • Ingérences extérieures ;
  • Tempérament tchadien, prompt à la violence considéré comme un acte de bravoure tandis que le dialogue est vu comme un acte de faiblesse ;
  • Ambitions personnelles des acteurs ;
  • Non-respect de la signature et de la parole donnée ;
  • Manque de confiance, suspicion ;
  • Partage inéquitable de postes.

Pour autant, Arnaud Dingammadji estime que tout n’est pas perdu. Car, relève-t-il, les Tchadiens sont attachés à la paix, au vivre-ensemble mais ils subissent les actions des élites. C’est pourquoi, prévient-il, après les ratés du passé, le dialogue de 2021 est une occasion à ne pas manquer pour enraciner la paix, la démocratie et construire un avenir prospère.