Cela fait 17 ans que le Tchad fait partie du cercle restreint des pays producteurs du pétrole. Que peut-on retenir de toutes les réalisations qui ont été faites, grâce à l’argent du pétrole ? Une question posée par Tchadinfos, au président de l’Union Nationale pour le Développement et le Renouveau (UNDR), Saleh Kebzabo.

Pour l’ex chef de file de l’opposition, Saleh Kebzabo, la situation n’est guère reluisante. A titre illustratif, il prend l’exemple du Logone oriental, région productrice du pétrole, dont la situation n’a pas vraiment changé. Il évoque également, à travers le pays, les infrastructures telles que les routes et les hôpitaux qui sont en lambeau par manque de suivi.

Lire aussi : Éphéméride : Il y a 17 ans, le Tchad entrait dans le cercle des États producteurs de pétrole

Partout dans le pays, dit-il, on lance la construction des immeubles qui sont jusque-là inachevés. “Prenez le ministère des finances, le centre commercial. C’est la preuve qu’il y a une déperdition d’argents. Vous prenez le monde rural, comme j’ai l’habitude de le dire en ce qui concerne l’élevage, aucun bœuf tchadien n’a pris un kilo de plus, ni une vache tchadienne qui produise un litre de lait. Et pourtant le président Deby a clamé que l’argent du pétrole allait financer l’agriculture et l’élevage. L’agriculture parlons-en. En son temps, le PNSA a été créé pour dilapider, piller et détourner des sommes colossales que personne ne peut aujourd’hui vous faire le bilan“, fustige Kebzabo.

A maintes reprises, rappelle-t-il, j’ai posé cette question au ministre de l’agriculture à l’assemblée nationale mais il n’avait pas de réponse. Le président de l’UNDR, insiste, qu’il ne peut pas y en avoir parce que c’était un “pillage à ciel ouvert“. Parlant des milliers de tracteurs qui ont été achetés, Saleh Kebzabo, signifie que cela a été fait à la va vite, sans contrat, ni formation des tractoristes. Mais évidemment, poursuit-il, ce n’est pas de l’argent perdu par tout le monde parce que c’est dans les grands chantiers, les grandes entreprises que les retro commissions sont importantes, indique le député de l’opposition.

Lire aussi : Tchad : rétrocession des tracteurs aux agriculteurs sur fonds de soupçons

Sur le plan éducatif, il dresse également un tableau sombre. « Les enfants s’asseyent toujours sur des morceaux de bois. Ils se trouvent dans des structures qui ne sont pas pérennes, dès qu’ils commencent par pleuvoir en avril, les cours prennent fin parce que l’eau coule de partout. Où est donc parti l’argent du pétrole ? Au niveau de l’enseignement supérieur, allez à Pala, vous verrez que l’université est toujours en chantier. Pour l’institut du pétrole de Mao, il y a quelques mois qu’on a posé la première pierre qui risque d’être la dernière pierre comme partout ailleurs. Il ne suffit pas de dire qu’il y a des universités partout. Créer une université veut dire qu’on a assuré tout le reste et non seulement les bâtiments. Aujourd’hui, tout le monde sait que les enseignants du supérieur ne sont pas en nombre suffisant. », fait remarquer Kebzabo.

Il se souvient que des investigations internationales ont établi il y a quelques années avec les Panama Papers que 10 milliards de dollars du Tchad se sont retrouvés dans les paradis fiscaux. A qui appartient cet argent ? C’est l’argent du Tchad qui s’est volatilisé, dénonce l’opposant. Saleh Kebzabo estime que des proches du Président se sont enrichis de façon démesurée. “Pendant que, d’autres tchadiens sont dans la pauvreté, dans la misère et la maladie sans qu’on ne soit en mesure de les soigner“. Et c’est triste !

Selon le président de l’UNDR, “Deby a eu la chance historique d’être président à un moment donné du Tchad. Dieu l’a donné les moyens de développer ce pays, d’unir les tchadiens mais il a été incapable de le faire et je crois que la page Deby, il faut la tourner,” martelle-t-il.