Ne bénéficiant d’aucun soutien, ni didactique, ni académique, ni aucun ordre de suivi basé sur une planification visant à optimiser les compétences de futur, l’étudiant tchadien à l’étranger est laissé à son triste sort. Si les conditions très mauvaises dans lesquelles vivent les étudiants « futurs cadres » du Tchad sont communes, ceux vivant au Maroc sont encore davantage considérés comme les oubliés de la nation.

En l’absence d’une mission diplomatique protégeant l’étudiant tchadien au Maroc, les affres subis laissent de stigmates assez profonds. Il (étudiant au Maroc) devient ainsi le damné, l’oublié… la victime sacrificielle de sa propre nation.

Le parcours du combattant

Laissé à l’abandon depuis de décennies, croupi dans la misère bravant ainsi l’adversité de toute sorte, il se bat et se débat pour se tenir en vie.

L’exemplarité, l’assiduité et la rigueur dans le travail est le credo de cet étudiant inconnu sur terre lointaine. Armé de son courage et son endurance, il rumine, il meurt en silence, il subit toutes les affres qu’un étranger subi sur une terre d’exil. Mais combatif, déterminé, car son objectif de réussir au nom de sa patrie, prime sur les difficultés existentielles.

Mais une incompréhension profonde traverse le milieu estudiantin : le paradoxe qui existe entre sa situation et l’ampleur que prend son pays sur la scène continentale.

Pendant que notre nation rayonne sur l’échiquier mondial, l’étudiant tchadien regarde impuissant ce paradoxe car il se sent moins concerné, moins associé à la métamorphose de sa mère-patrie. Pourtant, il devrait être le fer de lance, l’ambassadeur de son pays et accompagner vers le haut cette marche du Tchad. En tout état de cause, l’étudiant tchadien est bel et bien vivant et son cœur bat à chaque fois que le nom Tchad est prononcé dans les médias. C’est une erreur de le négliger, car en chaque étudiant sommeille un soldat pour le Tchad.

Une élite d’avenir sans avenir ?

Cette élite ne cherche pas à incarner la science qui se réduit uniquement à l’érudition. Quand on imagine l’avenir de l’étudiant tchadien au Maroc, on serait frappé par un pincement de cœur tant l’avenir semble lointain et incertain.

Portant la voix silencieuse et docile de l’étudiant tchadien au Maroc, nous alertons les consciences et nous rappelons que cette patrie n’a pas que des vaillants soldats intrépides dans le sahel, mais aussi des jeunes aussi vaillants et aguerris sur le plan intellectuel prêts à porter la voix de leur pays et relever le défi de demain. Une véritable cheville ouvrière de la nation en devenir.

Mais les conditions dans lesquelles vivent ces étudiants semblent hypothéquer cet avenir. Si la question de la prise en charge financière par l’État tchadien devient un labyrinthe, il n’en demeure pas moins que mêmes les services minimums primaires ne sont jamais assurés. Les passeports expirés ne sont jamais renouvelés sans tracasserie, l’authentification de baccalauréat est un casse-tête chinois pour bon nombre d’étudiants des établissements privés et ceux ne bénéficiant pas de bourse de l’Etat marocain ; les laissez-passer pour les étudiants ayant fini leurs études dont leurs documents officiels de voyage sont expirés…

Autre fait marquant qui vient s’ajouter au lot de problèmes égrenés, le silence des autorités tchadiennes face à la question de confiscation, par l’Algérie, de somme d’argent qui serait une bourse destinée aux étudiants tchadiens au Maroc. Tant le silence et le manque d’information sur cette question sont pesants, le doute s’installe. Nous y reviendrons dans les jours à venir.

Moussa Adam