ENQUETE- Une semaine après le meurtre du jeune Mahamat Saleh par le greffier du Conseil supérieur des Affaires islamiques (CSAI), Tchadinfos a enquêté sur les origines de l’affaire. Une histoire digne d’un roman policier.

Tout a commencé par le transfert d’une somme de 30 millions depuis l’Arabie Saoudite. L’argent est envoyé par le proche de Mahamat Saleh, résident en Arabie Saoudite par l’intermédiaire d’un monsieur qu’on ne connaît pas encore le nom mais appelons-le “récepteur”. L’expéditeur de l’argent contacte Mahamat Saleh pour lui demander s’il est entré en possession de la somme. La réponse est non. L’expéditeur, surpris, envoie le numéro de l’intermédiaire à Mahamat Saleh pour qu’il aille récupérer l’argent. Mahamat Saleh n’a pas tardé à l’appeler. Le récepteur reconnaît avoir reçu l’argent mais il l’a sitôt dépensé  pour une affaire le concernant. « Il a demandé à Mahamat saleh de patienter le temps qu’il va trouver l’argent  pour lui rembourser », nous raconte un oncle de la victime. 

Le temps passe et le récepteur n’honore pas son engagement de rembourser l’argent. Mahamat saleh a insisté. Tout à coup, le récepteur a commencé à nier avoir reçu l’argent. Mahamat Saleh a appelé l’expéditeur en présence du récepteur mais celui-ci s’est encore engagé à payer l’argent. 

Las d’attendre le récepteur, Mahamat Saleh a porté plainte à la section juridique du Conseil supérieur des Affaires islamiques (CSAI). Le récepteur  s’est engagé  en prêtant serment  devant les juges du CSAI à payer les 30 millions mais en tranche. Ils se sont entendus sur un montant qu’il doit verser chaque mois.

le Greffier du CSAI La victime

Le greffier de la section  juridique du CSAI, Abdel-Aziz Abrass est celui qui s’est chargé d’encaisser l’argent auprès du récepteur. « A chaque fois que le récepteur verse l’argent, le greffier du CSAI appelle Mahamat Saleh pour l’informer et il lui disait en même temps que l’argent est versé dans la caisse du CSAI, tu le récupèreras le jour où tu viendras », poursuit son oncle.

Selon les proches, à la veille du meurtre, le greffier appelle Mahamat Saleh pour lui demander de passer demain récupérer l’argent déjà encaissé. Avant d’aller au travail, le défunt a informé sa famille qu’il a été contacté par le greffier du CSAI pour aller prendre son argent.

Le greffier qui aurait prémédité son acte est arrivé très tôt le matin s’installer dans son bureau. « Il a même signalé au gendarme chargé d’assurer la sécurité d’introduire un certain Mahamat Saleh dans son bureau dès qu’il arrive », explique l’oncle.

Mahamat Saleh arrive. Le gendarme demande s’il est Mahamat Saleh. Il l’oriente chez le greffier en lui disant qu’il l’attend depuis dans son bureau.

Dès que Mahamat Saleh fait son entrée dans le bureau du greffier, celui-ci ferme le bureau et lui dit : « Si tu n’arrêtes pas de chercher ton argent, tu vas mourir » et Mahamat Saleh de répliquer : « je vais mourir à cause de mon propre argent! » Soudain, le greffier se lève et enlève son arme bien préparée et tire sur Mahamat Saleh. La première balle à la main droite, la deuxième à la main gauche. La victime a tenté d’ouvrir la porte mais le bourreau a commencé à tirer en pêle-mêle sur lui. Le greffier a ouvert la porte pour aller demander au gendarme de quelle ethnie appartient Mahamat Saleh? Il ne connaît pas mais c’est un autre monsieur qui répond : « Il est un tel. »  Le greffier est aussitôt  reparti pour achever Mahamat Saleh en lui tirant quelques balles à la poitrine, rapporte une source.

Après son forfait, le greffier a pris tranquillement sa voiture et aller voir un substitut du procureur au palais de justice qui serait son proche. Il lui a expliqué les faits. Le substitut au lieu de l’arrêter, lui dit de rester avec lui et a même tenter de le protéger. Le substitut est allé expliquer le problème au procureur. C’est en ce moment que le procureur demande au substitut d’arrêter vite le meurtrier et le gendarme pour les emmener au commissariat puis à la SNRJ.