Ils sont plus de 12 millions de Tchadiens à avoir le même rêve : voir leur équipe nationale participer un jour à une phase finale d’une grande compétition. On ne parle même pas là d’une Coupe du Monde de la FIFA™, mais au moins de se présenter sur la ligne de départ d’une Coupe d’Afrique des Nations de la CAF. Que ce soit pour des raisons sportives ou administratives, les Saos n’ont jusqu’à présent connu que l’échec.

Mais voilà un mot que les autorités sportives tchadiennes ont décidé de rayer de leur vocabulaire, au moins en ce qui concerne le football. C’est donc avec des projets et des ambitions plein la tête que le Président de la Fédération Tchadienne de Football Mahamoud Moctar, et le Ministre de la Jeunesse et des Sports Mahamat Adoum se sont rendus au Siège de la FIFA le 29 avril dernier. “Nous venons avec un projet dans notre sac”, confie Mahamoud Moctar au micro de FIFA.com, après avoir rencontré le Président de la FIFA, Joseph S. Blatter. “Nous voulons engager une démarche de développement dans notre pays à travers les conseils et les orientations de la FIFA.”

Ces orientations, ce sont les différents programmes et les financements que l’instance faitière du football mondial met à disposition de ses associations membres pour les aider à mettre en place leurs projets de développement. Le Tchad a d’ailleurs bénéficié de trois programmes Goal, approuvés respectivement en 2002, 2006 et 2010, qui ont permis de construire à N’Djaména le centre technique de Farcha, premier centre de formation du pays, d’y ajouter un centre d’hébergement, puis un terrain de football.

Une détection digne de ce nom
Grâce au centre technique, le football tchadien est aujourd’hui prêt à relever son défi le plus important, à savoir préparer l’avenir pour tourner la page d’un passé marqué par les déceptions. “Aujourd’hui on ne peut pas parler de développement tant qu’on n’a pas mis en place une stratégie de formation à la base”, estime Mahamat Adoum. “Pour aller de l’avant, nous avons voulu travailler de concert avec la fédération en mettant en place un programme de développement qui consistait simplement en une détection digne de ce nom.”

Car dans un pays où le football est roi, il est difficile d’accepter de ne faire que de la figuration sur le plan continental. Pour y remédier, la fédération tchadienne rêve de dénicher le nouveau Japhet N’Doram, idole du pays depuis sa brillante carrière en France avec Nantes puis Monaco dans les années 90. “Personne n’a encore explosé”, admet le Président Moctar. “Mais on croit fermement qu’il y aura des jeunes qui peuvent être les nouveaux Japhet et devenir professionnels. Ils le démontreront le moment venu.”

Les supporters des Saos ont de quoi se montrer optimistes, puisque quelques étoiles de la sélection engrangent actuellement de l’expérience en Europe – comme Azrack Mahamat passé par l’Espanyol Barcelone, Ezechiel Ndouassel au Terek Grozny, ou le capitaine Marius Mbaiam à Grenoble -, ou dans les championnats très compétitifs d’Afrique du Nord, comme Karl Marx Barthelemy et Leger Djime au Difaa El Jadida marocain. Cette génération n’a certes pas pu atteindre le deuxième tour des qualifications africaines pour la Coupe du Monde de la FIFA, Brésil 2014™, battue en tour préliminaire par la Tanzanie, mais elle a réussi à s’imposer 1:0 à Dar Es Salam quelques mois après avoir battu le Malawi 3:2 en qualifications pour la CAN 2013 (3:2).

“Nous sommes très satisfaits et très fiers de notre équipe, mais nous avons également conscience qu’il y beaucoup de choses à améliorer”, relativise Moctar, tout en restant optimiste : “Nous avons identifié nos manquements. Il faut savoir apprendre de la défaite avant d’aller où on l’on veut.” Justement, quelle est cette destination que souhaite atteindre le football tchadien ? “Nos ambitions sont d’engager nos équipes nationales dans toutes les compétitions possibles”, répond le dirigeant.

Exploiter les talents
Parmi elles, les compétitions de jeunes comme la Coupe du Monde U-17 de la FIFA ou la Coupe du Monde U-20 de la FIFA sont les meilleurs tremplins pour former les futurs cadres de la sélection A. D’où la nécessité de mettre en place une politique de développement efficace pour les jeunes footballeurs tchadiens. “Au-delà de la détection, nous avons un programme tout entier à mettre en place”, reconnaît le Ministre. “A nous de mettre sur pied un circuit de compétitions de jeunes. Sans cela, on ne pourra pas envisager un développement harmonieux de notre football national.”

C’est justement là qu’intervient la FIFA, qui peut jouer un rôle crucial, notamment grâce à son programme PERFORMANCE, outil indispensable pour structurer le football national. “Le centre technique a été financé par la FIFA, c’est une véritable maison du football avec ses équipements, mais ça n’est qu’un début”, commente le Président Moctar. “Grâce au programme Goal 4, nous aimerions construire un nouveau Siège pour notre Fédération, projet qui sera soumis au vote de la Comission de Développement en octobre, et par le biais du programme PERFORMANCE, nous voulons également créer un studio de radio, inclus dans un contexte de renforcement général des compétences de la fédération, qui s’occuperait du sport, et du football en particulier. Ces chantiers ont d’ores et déjà été supervisés par la FIFA.”

Outre l’aide de la FIFA, celle de l’Etat tchadien est nécessaire pour que les projets de la fédération voient le jour. “L’état veut développer le sport en général, et de manière plus spécifique le football, qui représente aujourd’hui l’espoir de tout un peuple”, assure le Ministre tchadien. “Ce sont plus de 12 millions de Tchadiens qui veulent que leur équipe nationale trouve une place de choix sur le plan régional ou international. Partant de là, au Ministère de la Jeunesse et des Sports, nous avons des objectifs très ambitieux pour aider la jeune fédération tchadienne de football à réaliser ses rêves.”

“Le Tchad regorge de talents qui ne demandent qu’à être exploités”, conclut le politicien. “J’aimerais qu’un regard particulier soit accordé à la fédération tchadienne, en termes de moyens financiers ou d’assistance technique ou matérielle.” En se rendant au Siège de la FIFA, les autorités tchadiennes ont frappé à la bonne porte.