N’DJAMENA, 20 mars (Xinhua) — Près de trois mois après le début de l’année, l’Appel humanitaire Consolidé (CAP) de 2013 du Tchad, d’un montant de 500 millions USD, n’est financé qu’à 9% et les agences de l’ONU prévoient que le financement humanitaire de cette année ne pourrait atteindre que le tiers du montant reçu en 2012, indique un communiqué de presse publié mercredi.

“J’ai fait des consultations ces derniers jours avec les acteurs humanitaires clés et nous sommes tous de plus en plus inquiets du déficit de financement imminent qui risque d’emporter les avancées positives que nos programmes humanitaires avaient pu réaliser en 2012”, a déclaré Thomas Gurtner, coordonnateur résident et humanitaire des Nations Unies pour le Tchad.

“La situation humanitaire au Tchad continue d’être dangereusement volatile et nous avons besoin de financement immédiat afin de maintenir les activités actuelles les plus importantes, sans parler de réponse à de nouvelles crises”, a ajouté M. Gurtner qui rencontre aujourd’hui les principaux partenaires régionaux à Dakar en vue d’élaborer une stratégie commune pour le Sahel et pour donner l’alarme sur la crise de financement à laquelle les acteurs humanitaires font face au Tchad.

Malgré une récolte 2012-2013 de 3,8 millions de tonnes de céréales (supérieure à la moyenne annuelle), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime que deux millions de personnes auront besoin d’assistance cette année, principalement dans les zones inondées et la bande sahélienne.

Les taux de malnutrition sont attendus à la hausse au cours de la période de soudure à partir de juin et le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) a dû augmenter à 150.000 le nombre d’enfants malnutris aiguë sévère à traiter cette année.

La détérioration de la sécurité dans les régions voisines du Darfour et de la République centrafricaine a également créé, selon le document, une pression supplémentaire et inattendue sur les acteurs humanitaires, avec un afflux de plus de 12.500 réfugiés soudanais et 4.000 réfugiés centrafricains au Tchad au cours du mois passé.

“Nous sommes face au plus grand afflux de réfugiés soudanais depuis 2004 et le HCR est encore plus préoccupé par la situation qui se développe en République centrafricaine, d’où on pourrait s’attendre à plus de 15.000 nouveaux réfugiés dans les prochains mois. À l’heure actuelle, nous n’avons tout simplement pas les fonds nécessaires pour répondre simultanément à ces situations d’urgence et nous sommes obligés de tirer des ressources des programmes existants afin d’aider ces réfugiés extrêmement vulnérables”, a dit Aminata Gueye, représentante du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) au Tchad cité dans le communiqué.

Les déficits de financement frappent toutes les agences onusiennes présentes au Tchad. L’UNICEF a ainsi “urgemment besoin de 7 millions USD pour assurer, en continu, un approvisionnement en aliments thérapeutiques et des soins appropriés pour les enfants souffrant de malnutrition sévère à travers le pays”.

Le budget du HCR au Tchad a été réduit de 50% au cours des deux dernières années et actuellement, seulement 30% des fonds requis ont été obtenus pour maintenir le niveau d’opération de 2012 afin d’assister 358.000 réfugiés et 90.000 personnes déplacées. Le HCR estime un besoin de 5 millions USD pour répondre à ces urgences actuelles.

Le FAO affirme, quant à lui, avoir moins de 15% des fonds nécessaires à la fourniture des semences et du matériel agricole prévus pour 360.000 personnes.

L”Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) n’a pas de fonds disponibles pour aider plus de 2.000 retournés tchadiens fuyant le Darfour et plus de 1.000 retournés qui ont été forcés à quitter la Libye dans des conditions extrêmement difficiles depuis janvier, avec de nombreux autres attendus dans les prochains mois.

Avec l’afflux de nouveaux réfugiés, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) fait face à un déficit de financement de 52 millions USD pour aider les réfugiés à travers le pays. De plus, la nourriture nécessaire pour les réfugiés à l’est du Tchad pour la période juillet-novembre doit être pré-positionnée avant juin au plus tard en raison de l’inaccessibilité de ces régions pendant la saison des pluies.

“Cette crise de financement est littéralement une question de sauver des vies: sans traitement approprié, un enfant souffrant de malnutrition aiguë sévère est neuf fois plus à risque de mourir qu’un enfant bien nourri. Les taux de malnutrition au Tchad n’ont pas baissé d’une façon significative et nous devons absolument poursuivre nos efforts dans les 426 centres nutritionnels à travers le Tchad ou alors nous ferons face à des conséquences dramatiques”, a conclu Bruno Maes, représentant de l’UNICEF au Tchad.