Seulement 12% des enfants au Tchad disposent d’actes de naissance contre 88%. L’acte de naissance, ce document qui certifie l’appartenance d’un être humain à une nation, est de plus en plus négligé. Pourtant, l’importance de ce papier n’est pas à démontrer d’autant qu’il affecte une nationalité à chaque citoyen.

« Un acte de naissance, est un acte de l’état civil faisant preuve de la naissance, établi par un officier d’état civil », explique Nguardjimri Bétolngar, magistrat. L’établissement de ce document n’est pas une chose facile pour la majorité des parents au pays de Toumaï. Pour beaucoup, l’acte de naissance ne peut être utile qu’au moment où, le besoin se fait vraiment sentir, comme à l’approche des examens ou concours scolaires. Guednon, un quadragénaire habitant le quartier Walia et père d’une famille de trois enfants, âgés respectivement de 6 ans, 4 ans et 19 mois, n’a jamais doté l’un d’eux d’acte de naissance. « Cette année l’ainée va faire son entrée à l’école primaire donc je vais chercher à lui établir un acte de naissance (…) ainsi de suite », tente-t-il d’expliquer sous son hangar en secco.

Au Tchad, on peut trouver des personnes âgées de 15 ans, 20 ans, voire plus qui n’ont jamais eu un acte de naissance.  L’on les nomme « apatrides », un mot qui désigne les personnes n’ayant pas de papiers certifiant leur nationalité.

A l’instar des enfants de Guednon, des milliers d’enfants qui ont vu le jour au Tchad subissent la même injustice. Or, l’article 06 de la loi 0087 de 2013, portant organisation de l’état civil au Tchad, précise que « la déclaration de naissance est obligatoire et gratuite ». Dans les faits, la réalité est différente ou pratiquement contradictoire. Beaucoup évoquent le manque d’informations et de sensibilisations sur l’importance de l’acte comme la principale raison qui pourrait justifier le nombre trop élevé des apatrides au Tchad. Mais en attendant l’amélioration de la situation, des milliers d’enfants nés au Tchad gardent leur statut de « d’enfants fantômes ».