N’DJAMENA, 15 juillet (Xinhua) — Au Tchad, les pluies ne tombent plus depuis mai, ce qui inquiète les populations qui se tournent vers Dieu.

Si la situation perdure, elle risque de compromettre la campagne agricole en cours et aggraver une situation alimentaire et nutritionnelle déjà alarmante dans certaines zones du pays.

“La campagne agricole 2014-2015 s’installe timidement au Tchad à cause des pauses pluviométriques observées depuis mai 2014”, déclare Abdelkader Altidjani Koiboro, secrétaire général du ministère tchadien de l’Agriculture et de l’Environnement.

Selon des données de la Direction générale de la météorologie, les hauteurs des pluies enregistrées pendant le mois de juin sont nettement inférieures par rapport à l’année dernière.

“Les données pluviométriques qui nous sont parvenues des stations provinciales notent un réel déficit de pluies, surtout dans la zone soudanienne”, confie Elie Mbaïtoubam, directeur généralde la Météorologie nationale.

“Ces derniers temps, nous observons régulièrement la formation de nuages qui se dissipent aussitôt”, ajoute-t-il. Il explique la rareté de la pluie par “la faible humidité de l’air dans l’atmosphère [qui] fait de sorte que la mousson est devenue faible sur l’ensemble du territoire national”.

Le directeur général de la Météorologie tchadienne prévoit des pluies régulières dès la seconde moitié du mois de juillet. Le Tchad, pays sahélien d’Afrique centrale, a une saison courte ( entre mai et septembre), avec des pics entre juillet et août.

A l’initiative du Conseil supérieur des affaires islamiques ( CSAI), les ulémas organisent, depuis une dizaine de jours, des séances de lecture du Coran et de prière collective dans les différentes mosquées du pays. Même dans plusieurs églises, les prêches et prières sont consacrées à la pluie pendant les cultes dominicaux.

“Nous devons prier pour que la pluie tombe abondamment et que la campagne agricole soit bonne. La prière et la lecture du Coran doivent être permanentes, non seulement pour la pluie, mais également pour que Dieu préserve le Tchad de tout démon”, déclare cheikh Hissein Hassan Abakar, président du CSAI.

“Le retard des pluies nous fait peur. S’il n’y a pas de pluies, c’est qu’il n’y aura pas de bonnes récoltes. Et s’il n’y a pas de bonnes récoltes, la famine se présentera”, ajoute-t-il.

Si à ce jour, aucune région du Tchad n’a été déclarée en état de famine, 6.095 personnes sont dénombrées en phase d’urgence, selon M. Abdelkader Altidjani Koiboro. Trois régions sont en phase de crise, soit environ 442.000 personnes au total, sans compter des dizaines de milliers de personnes ayant fui les violences en Centrafrique voisine.

Dans le document du Comité d’action pour la sécurité alimentaire et la gestion des crises (CASAGC), publié mi-mai 2014, il ressort que les résultats de la dernière campagne agropastorale 2013-2014 donnent une production céréalière totale de plus de 2,6 millions tonnes.

La situation nutritionnelle reste pourtant inquiétante dans cinq régions du nord (Bahr-el-Ghazal, Batha, Kanem, Lac et Wadi Fira) et précaire dans quatre autres régions (Guéra, Hadjer Lamis, Salamat et Sila), ainsi que dans la capitale, N’Djaména.

La CASAGC a ainsi proposé un plan de réponses à cette situation, nécessitant plus de 4 milliards F CFA (8 millions USD) pour atténuer le sort des populations ciblées en phase de “crise” et ” urgence” et la malnutrition aigüe chez les enfants pendant la période de soudure.

“Ce qui est sûr, c’est qu’entre août et septembre, il y aura de la pluie; mais ça sera une précipitation inutile lorsqu’on sait que les paysans ont tout perdu au niveau des semis”, prévient Elie Mbaïtoubam.

“Ce qu’il y a lieu de faire, c’est d’inviter les paysans à abandonner les cultures à long cycle au profit des cultures à cycle moyen et court. Sans cela, nous risquerons de vivre une sécheresse “, conclut le directeur général de la Météorologie tchadienne.