Le manque de parking approprié contraint les conducteurs des taxis, des cars et particuliers à garer leurs engins aux abords des voies publiques.

Au quartier Amkoundjari, carré N°08 dans le VII ème arrondissement, il est 20 h. Sur une chaussée, des muni-bus, des taxis, des voitures, des gros porteurs et même des véhicules des particuliers se disputent au quotidien les places pour parquer. Les premiers arrivés se mettent côte à côte et contre le mur. Les derniers s’alignent les uns après les autres rétrécissant la voie. Cela date d’environ 8 ans, précise le chef de carré, Makaïla Moussa, qui ajoute n’y voir aucun mal. “Les chauffeurs viennent garer là vers les 19 h et 20 h après le travail. Les propriétaires des engins sont tous du quartier. C’est pourquoi ils préfèrent garer leurs véhicules près d’eux pour minimiser la distance qui mène au parking circonstanciel”. Les particuliers parquent là aussi, parce qu’ils n’ont pas de grands portails qui permettent d’entrer leurs voitures dans les concessions. Ils ne paient pas de droit de place. Toutefois, ils s’arrangent avec les gardiens recrutés à leurs frais et à qui ils donnent 250 francs CFA la nuitée par véhicule. Compte tenu du grand nombre de véhicules parqués à cet endroit, quatre gardiens s’emploient à la tâche. “En cas de vol ou d’usures survenus dans le parking, la responsabilité des gardiens est d’office engagée y compris celle du voisin de chez qui éventuellement peut déboucher un incendie jusqu’au véhicule”, informe le chef de carré. Cette responsabilité consiste à acheter ou à réparer au propriétaire le dommage subi. Tôt le matin, les chauffeurs enlèvent leurs engins. La même scène reprend en fin de journée. “C’est parce qu’il n’y a pas de parking public que nous parquons ici, parfois sans avis de nos employeurs. Au début, cet endroit abritait une quincaillerie gardée par un jeune homme. Nous n’étions que deux ou trois chauffeurs à lui confier nos bus la nuit. Avec le temps, le nombre des véhicules n’a cessé d’augmenter, malgré la disparition de la quincaillerie” , se souvient Ahmat B., un chauffeur. “Pour assurer la garde aujourd’hui, nous faisons appel aux voisins qui veillent nuitamment sur nos engins moyennant un petit désintéressement journalier” , ajoute-t-il. Un autre chauffeur, Adam Bichara Adam, impute le tort à la mairie: “Si les chauffeurs garent sur les chaussées, c’est parce que la mairie et la police municipale ne font pas leur travail. C’est même un risque et pour les chauffeurs et pour les gardiens de garer sur les chaussées. Nous avons choisi notre parking sur une réserve de l’Etat” . Un voisin se plaint des nuisances dues aux bruits des moteurs qui le réveillent tard la nuit et tôt le matin de sa chambre. “Je serais asphyxié un jour dans ma chambre par le carbone dégagé des bus” , dit-il. Une autre voisine dit ne pas pouvoir brûler un tas de saletés à cause d’un véhicule qui a passé plusieurs jours sur place. Le maire du VIIème arrondissement, Bélelem Tao Job, avoue sa surprise de voir les véhicules garer sur ce site. “Je vais dépêcher une équipe sur le lieu pour vérification, dit-il. Au cas où cette information se confirme, je vais instruire les éléments immédiatement pour assurer l’ordre. Car c’est de l’incivisme. C’est en toute illégalité qu’ils parquent sur les chaussées. En cas d’incendie ou de vol, qui va être responsable?” . Le maire prévoit “la création d’une commission avec mission d’identifier toutes les réserves de l’Etat jusqu’à là occupées et exploitées anarchiquement. Gare aux contrevenants” . Pour Dalou Kadre, président de la Coopérative des transporteurs urbains, interurbains et location des véhicules (Coop-Tur), “l’Etat tchadien n’a jamais prévu de l’espace pour contenir les bus”. Et c’est ce qui est, selon lui, à l’origine des mouvements incontrôlés des chauffeurs auxquels s’ajoutent certains particuliers. “Il y a un espace au grand marché mais trop saturé, un autre au marché de mils dans la même situation et enfin un espace au marché de Dembé que les autorités ont coupé pour donner à une station de l’essence. Ces anciens espaces ne peuvent plus contenir le nombre des bus que nous avons aujourd’hui. Cependant je vais voir les chefs de ces parcs artificiels et le maire du VII ème arrondissement pour discuter de la libération des chaussées” , conclut-il.

Kaltémadje Titnan

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