«Je ne peux pas remettre ces valeurs à des individus que je ne connais pas», telle est la déclaration de M. Saleh Damane à l’endroit du Comité Technique Interministériel et des Receveurs des Communes d’arrondissements lors de la rencontre de répartition des valeurs entre la Mairie de la ville de N’Djaména et les dix autres communes d’arrondissements.

Traduire dans les faits le processus de la décentralisation enclenché depuis un certain temps, tel est le mobile qui a guidé les hautes autorités du Tchad à l’organisation des élections locales en Janvier 2012. Les entités politiques issues de ces élections sont dotées de la personnalité morale et financière suivant les textes régissant les collectivités territoriales décentralisées. Constituée de 10e Arrondissements érigés en communes, la ville de N’Djamena bénéficie d’un statut particulier. Aux termes des dispositions de la loi n° 09/PR/2005, les communes des Arrondissements disposent, chacune, d’un budget autonome élaboré, délibéré et approuvé selon les modalités définies par le statut des collectivités territoriales décentralisées et les maires des communes des arrondissements, pour l’exécution des compétences qui leur sont dévolues, entretiennent des rapports de collaboration et non de hiérarchie avec la mairie de la ville de N’Djaména. Mais force est de constater qu’une année après leur installation, les maires d’arrondissements ne sont traités comme des agents de la mairie centrale. Il a fallu que ces derniers se mettent en coordination et organisent un point de presse le 10 Juillet 2013 pour que le détonateur de leur autonomie soit déclenché. Pour parer à ce climat malsain teinté de zèle qui risquerait de paralyser le fonctionnement des communes, le Premier Ministre par un Arrêté a institué un Comité Technique Interministériel chargé de départager les parties. L’une des attributions principales de ce dernier consiste à repartir de manière équitable les valeurs déjà confectionnées par la commune de la ville de N’Djamena entre les communes des arrondissements. Surprise! Le maire de la ville de N’Djamena M. Saleh Abdel-Aziz Damane s’insurge contre la décision de répartition et déclare: ‘‘ je ne peux pas remettre ces valeurs à des individus que je ne connais pas ’’. Le Maire de la commune du 7ème Arrondissement M. Belelem Taou Job déplore la situation et déclare ‘‘ pour que N’Djamena soit la vitrine de l’Afrique comme souhaité par le Chef de l’Etat, que ce soit la mairie de la ville de N’Djaména ou les communes des arrondissements tout le monde a intérêt à œuvrer dans ce sens. A cet effet, nous devons avoir de bonnes relations de collaboration. Malheureusement, il y a des individus au niveau de la mairie de la ville de N’Djaména qui pensent que c’est terminé. Le fait de nous voir exercer notre liberté économique constitue la mort de certains. Nous devons par le principe de la solidarité nous entraider afin de relever le niveau de développement ; pourquoi ne pas voir la mairie de la ville de N’Djaména voler au secours des communes des arrondissements ’’. Pour M. Youssouf Mahamat Yaro, maire de la commune du 2ème Arrondissement et coordonnateur des 10 communes d’arrondissement de la ville de N’Djamena ‘‘ C’est fini le temps de quiproquo, fini le temps de petites querelles…, M. Saleh Damane doit accepter partager les domaines de compétences de la mairie de la ville de N’Djaména pour permettre l’évolution du processus de décentralisation. Ce n’est pas normal qu’il constitue un obstacle en voulant gérer à cor et à cri toutes les communes des arrondissements. Nous avons fait des concessions en laissant certaines taxes sinon Tigo, Airtel, aéroport et le parc de Toukra sont du ressort du 2ème et 9ème. Ce n’est pas le problème d’individus ; nous devons travailler ensemble pour le développement de la ville ’’ conclut-il. ‘‘Toutes les 11 communes sont égales. Les textes nous régissant sont clairs. Ce n’est pas à un individu de s’opposer à une volonté populaire. Pour quelles raisons, se demande le M. Mahamat Brahim Siame, maire de la commune du 1er arrondissement, ces individus de la mairie centrale entravent l’évolution du processus de la décentralisation’’ ?

Mbailassem Le Djéndoldé

Notre Temps #536 disponible en pdf sur boutique.tchadinfos.com