Les logements sociaux restent un idéal pour le Tchad qui manque cruellement d’outils et de programmes appropriés.

“L e logement social est un concept de développement qui signifie qu’on construit des logements à bas coût pour une catégorie de populations. L’objectif est de faire en sorte que les populations à faible revenus puissent avoir accès à des logements décents” , déclare le secrétaire général du ministère de l’Aménagement du territoire et de la décentralisation, Allaïssem Dobingar. Selon lui, le coût d’un logement social au Tchad varie entre 18 à 20 millions francs CFA, alors qu’il ne dépasse pas 9 millions francs CFA en Afrique de l’ouest et du centre. Ainsi, le Tchad est le deuxième pays en Afrique centrale après la Centrafrique à ne pas disposer de logements sociaux et d’un mécanisme approprié à cet effet . “Le principal obstacle au Tchad est l’absence d’un mécanisme permettant de ramener à un niveau accessible le logement social pour aider un grand nombre de population” , ajoute-t-il.

Programmes peu opérationnels

Le gouvernement a mis en place, avec l’aide du Programme des Nations-unies pour le développement, le Projet de développement urbain et d’amélioration de l’habitat (Durah). Ce programme devait construire 12.000 logements sociaux avec pour point de départ les logements de la Patte d’oie, à la sortie nord de N’Djaména. Mais à ce jour, seuls 70 logements ont poussé du sol. Après l’échec de ce projet, une Société de promotion foncière et immobilière (Soprofim) est créée en 2009, avec pour mission de faire un programme de logement social, de viabilisation des quartiers en vue de permettre aux populations d’avoir accès aux logements décents. “C’est un opérateur à qui les moyens ont été donnés au départ, notamment la remise à 1 franc symbolique de tous les dispositifs de la Patte d’oie et de vendre ces parcelles à d’autres promoteurs” , indique le secrétaire général. Il précise qu’en 2012, le ministère a signé des accords avec une quinzaine d’entreprises privées dans le but de leur permettre de trouver les moyens afin de construire des logements sociaux qui seront rachetés par la Soprofim. Malheureusement, ces accords n’ont pas été concluants. La première société américaine (Federal development) qui s’est manifestée et a obtenu le site de Toukra n’a pas honoré ses engagements une fois la convention signée avec le Tchad. Plusieurs autres entreprises étrangères ont signé des accords dans le même but avec le gouvernement, puis se sont volatilisées après.

Principal promoteur des logements sociaux

La Soprofim apparaît dans ce domaine comme le principal opérateur. “Nous étions allés en 2012 à la Bdéac négocier un financement pour la Soprofim. La Bdéac a octroyé dix milliards de francs et la Soprofim a amené 12 milliards” , informe Allaïssem Dobingar. Pour lui, l’objectif de tous ces programmes vise à construire 125.000 logements sociaux à l’horizon 2025. Mais la principale difficulté réside au niveau des entreprises qui “signent des contrats avec le gouvernement et c’est après cela qu’elles cherchent de financement dans les banques, d’où le retard” . En ce moment il n’y a pas la clé pour atteindre cet objectif puisque les promoteurs, qui viennent pour la plupart de l’extérieur, traînent les pieds et ne respectent pas les engagements qu’ils ont signés avec le gouvernement tchadien. “Ces promoteurs demandent le plus souvent des garanties. Or la seule garantie que l’Etat donne, c’est le terrain” , déplore le responsable de l’Aménagement du territoire.

Banque de l’habitat

Pour faciliter l’émergence des logements sociaux, la solution passe par la création d’une Banque de l’habitat. “La banque doit servir de garantie et c’est auprès de celle-ci que les popu – lations peuvent prendre de l’ar – gent pour s’approprier le loge – ment social” , explique Allaïssem Dobingar. Mais cette banque tant attendue tarde à voir le jour. Et les Tchadiens, dans leur grande majorité, vivent une crise de logement sans précédent.

Ngarbé Ferdinand

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