SOCIÉTÉ – Les guides d’espace naturel sont très sollicités et indispensables pour les voyages dans la zone septentrionale du Tchad. Ces hommes de terrain sont derrière la réussite de chaque traversée du désert.

Qui pourrait imaginer que le désert crée une activité génératrice de revenus au nord du Tchad ? Pourtant c’est bien le cas. « Les guides du désert », tel est le qualificatif donné aux personnes, généralement de sexe masculin, qui tirent leurs revenus de cette activité. Ils sont pour la plupart anciens chauffeurs, commerçants et militaires admis à la  retraite.

Habillé en grand boubou, appelé communément « djalabiya », Haroun, le sexagénaire, manipule tranquillement le son téléphone. C’est grâce à cet outil qu’il gagne les marchés. Car, beaucoup de chauffeurs qui quittent la capitale N’Djaména pour le nord ont son numéro dans leurs répertoires.  C’est depuis plus de trente ans que cet ancien militaire et père de 12 ans exerce cette activité.

Sans un appareil de géolocalisation, il est très difficile voire impossible pour les étrangers de se repérer dans cet océan de sable, d’où l’importance des guides comme Haroun. Pour les autochtones comme lui, pas besoin d’une carte ni des notions élémentaires de la cartographie pour éviter de se perdre dans le sahara tchadien.

Aujourd’hui, Haroun doit guider l’équipe d’une société en mission dans la ville de Faya Largeau. Après avoir longuement discuté avec ses clients, il gagne le marché de conduire ces personnes vers la destination. Son prix varie de 20 000 FCFA à 100 000 FCFA, malgré les dangers. Pas besoin de grand-chose, l’homme prend juste ses couchages dans un sac et embarque, comme un soldat. Et c’est juste à côté du chauffeur qu’il doit prendre place pour mieux le guider dans la bonne direction.

A l’image d’Haroun, ces guides du désert ont un sens d’habilité assez particulier. Ils se repèrent d’une localité à une autre  à travers les qualités et les couleurs du sable du désert, parfois des montagnes. En plus de la vigilance, ce métier exige une physionomie élevée pour les différents axes de passage sur ce banc de sable.

Au fil de temps, cette activité lucrative se transforme en un métier à temps plein. Car pour les spécialistes comme Haroun, « il y aura toujours des étrangers qui viendront. Et pour leur sécurité, ils auront toujours besoin des guides ».

Une activité pas sans risques

Il faut être très prudent et surtout avoir un courage d’acier pour exercer cette activité. Nombreux des guides rencontrés affirment  travailler sans couverture médicale. « Quelqu’un que tu diriges peut également tomber malade, on peut aussi arriver dans des endroits où il n’y a pas d’eau, il faut vraiment être un fils de la région pour travailler ici », confie Haroun.

Face à la baisse du tourisme liée à la pandémie du coronavirus, les guides du désert ont du mal à s’en sortir. Malgré tout, cet ancien militaire rêve de devenir le « roi du désert » et se procurer un véhicule 4X4 pour conquérir les clients, précisément les touristes.