N’DJAMENA, (Xinhua) — Au Tchad, le taux d’accès à l’ eau potable a atteint les 55% de l’ensemble de la population, grâce aux efforts consentis par le gouvernement et les partenaires ces dernières années.

Pourtant, les défis restent importants, principalement dans le domaine de l’assainissement, facteur de prévalence de nombreuses maladies.

“La population desservie en eau potable est d’environ 6,8 millions d’habitants sur un total de 12,3 millions que compte le pays (soit un peu plus de 55%, Ndlr)”, déclare Issa Ali Taher, ministre tchadien de l’Elevage et de l’Hydraulique.

En 2012, cette couverture était de 46%, ce qui montre une nette amélioration sur moins de trois ans, alors que l’on fête ce samedi la journée mondiale de l’eau.

“Au Tchad, les femmes et les enfants sont particulièrement affectés par l’insuffisance d’accès à l’eau potable qui, non seulement, met leur santé en danger, mais leur fait perdre un temps considérable consacré chaque jour à la recherche de l’eau, une activité non productive qui est aussi nécessaire que dangereuse”, déplore M. Ali Taher.

Pour améliorer cette couverture en eau, notamment dans les quartiers périphériques de l’est de N’Djaména, la capitale, l’ Agence Française de Développement (AFD) avait accordé au Tchad, en juin 2013, une subvention de plus de 7 milliards F CFA (140 millions USD).

Un autre accord de prêt avait été signé avec la Banque Africaine de Développement (BAD) et le Fond Africain de Développement (FAD) pour le financement d’un projet d’alimentation en eau potable et d’assainissement dans huit autres centres urbains secondaires et leurs environs.

Ce projet, d’un montant global supérieur à 15 milliards F CFA ( 30 millions USD), devrait permettre de desservir plus de 802.000 personnes en eau potable (soit un taux de 7%) et plus de 154.000 autres en services d’assainissement (3%).

A l’occasion de la Journée mondiale de l’eau de 2013, le gouvernement tchadien et l’Union européenne avaient signé trois conventions de financement d’un montant total de 65,5 milliards F CFA (soit environ 130 millions USD) dont deux visent à assurer une meilleure couverture en eau potable.

Le premier projet prévoit la réalisation d’un millier de forages équipés de pompe à motrice humaine, 250 mini-châteaux d’ eau solaires et thermiques et 400 latrines dans sept des vingt- trois régions du pays. Le deuxième projet vise à apporter une contribution substantielle à l’amélioration à l’accès à l’eau potable et à l’assainissement dans six villes secondaires et dans six quartiers de la capitale.

Avec tous ces projets, le gouvernement tchadien veut atteindre, d’ici 2016, au moins un taux d’accès durable à l’eau de 60,5% en milieu rural et 70% dans la zone urbaine. Pour atteindre ces objectifs, il faudrait 700 milliards F CFA (environ 1,4 milliard USD).

“Les défis à relever dans le secteur eau sont énormes”, insiste M. Ali Taher, qui ajoute qu’avec la contribution de ses partenaires au développement, son pays doit encore davantage oeuvrer en vue de mutualiser ses actions pour qu’elles soient durables et bénéfiques.

“Si le domaine de l’eau potable a bénéficié de financements considérables, l’assainissement a été marginalisé, d’où le faible taux d’accès”, reconnaît le ministre tchadien de l’Elevage et de l’ Hydraulique.

Le Réseau des associations d’eau et assainissement au Tchad, présidé par Daouda Elhadj Adam, exhorte régulièrement le gouvernement tchadien et ses partenaires au développement à mettre les bouchées doubles pour résoudre les problèmes d’eau potable et d’assainissement.

Selon M. Elhadj Adam, qui dirige par ailleurs l’Association pour la Défense des droits des Consommateurs du Tchad, le gouvernement tchadien avait promis, il y a quelques années, d’assurer l’accès à l’eau potable sur la période 2010-2015 pour plus de 8 millions de Tchadiens (soit 60% de la population); d’assurer l’accès à l’assainissement sur la même période pour près de 5 millions de personnes (35% de la population); de réaliser avant la fin 2013 la construction de 6.000 latrines institutionnelles et communautaires et vulgariser les latrines familiales; etc.

Aujourd’hui, le bilan n’est pas à la hauteur des engagements, note M. Elhadj Adam, selon lequel la défécation à l’air libre demeure très ancrée dans les habitudes et la pratique de lavage des mains n’a guère progressé.

Cet accès limité à l’eau potable, doublé de la pratique de la défécation à l’air libre, favorise la prévalence de maladies hydriques comme la diarrhée, le choléra ou le ver de Guinée, une parasitose qui se transmet par l’eau de boisson contaminée par des laves du parasite et touche les populations des zones rurales.

Au sein du ministère tchadien de la Santé publique, l’on reste persuadé que l’approvisionnement en eau potable constitue l’une des conditions essentielles pour l’arrêt de la transmission de la maladie du ver de Guinée.

14 cas avaient été enregistrés en 2013 dans trois régions du pays. Un nombre important de chiens et de chats ont été également infectés dans des foyers endémiques le long du fleuve Chari qui traverse le pays du sud au nord.

Pour M. Issa Taher, la coopération dans le domaine de l’eau est un fondement de la paix et du développement durable, “étant donné qu’elle contribue à la réduction de la pauvreté et à l’équité, permet de préserver les ressources en eau, de protéger l’ environnement et de construire la paix”. “Notre pays a signé un protocole d’accord avec l’Université de Boston pour faire des études géophysiques sur l’ensemble du territoire, en commençant par les régions hautement prioritaires”, conclut-il.