REPORTAGE- Dans la foulée du confinement, le ministre de la justice a suspendu les audiences, sauf celles en référé. Au palais de justice, ce n’est pas l’ambiance des grands jours.

En cette fraîche matinée de janvier, la cour du palais de justice, qui il y a peu fourmillait de monde, est étonnement vide. Les usagers habituels de l’enceinte (avocats, magistrats, procureurs, etc.) brillent par leur absence. Cause : La restriction relative au coronavirus qui a fait tourner au ralenti quasiment tous les secteurs. Celui de la justice n’est pas épargné. Au contraire, il est très affecté. Et ce, en dépit de la levée de la mesure barrière interdisant les attroupements humains le 13 janvier dernier. Les “hommes de loi’’ attendent toujours l’ordre du ministre de la Justice, chargé des Droits Humains.

Il est 9H au palais de justice de N’Djamena. Les quelques rares avocats là dans le local, le sont pour les audiences, dossiers ou affaires en référé. Ces affaires concernent exclusivement la Chambre d’accusation de la Cour d’appel qui traite des dossiers criminels. Nombre de magistrats et huissiers ne viennent pas et préfèrent vaquer à leurs occupations personnelles au quartier. Même si celui qui délivre les casiers judiciaires répond présent.

Quelques avocats, stagiaires ou clercs, ayant pris le plaisir de venir au palais de justice chaque jour, continuent à faire de la routine. Ils ont pris d’assaut l’ombrage des arbres en face de l’édifice. Ça rigole, ça cause à tue-tête ou ça mange de la viande grillée. Les costumes sombres et souliers rutilants sont couverts de poussière des véhicules qui circulent sur la voie longeant le palais de justice. De visu, la plupart sont rongés d’ennui et d’impatience pour que les activités reprennent le plus tôt possible. Les avocats, clercs les plus studieux ou las de faire des va-et-vient inutiles, par contre, restent dans leurs cabinets pour écrire des conclusions, lire d’anciennes conclusions. D’autres encore, sirotent du thé en regardant la télé à longueur de journée.

Les plus éprouvés sont sans conteste les prévenus qui attendent leurs procès. Pour eux, cela signifie un séjour prolongé en prison sans être jugé.

BACTAR Frank I.