Les gloires du football tchadien de l’époque sont tombées dans les oubliettes. Ngarsandénan Ngaradé alias Ousmane Pelé, l’une des vieilles bottines ronge ses freins tout en déplorant l’ingratitude de l’Etat.

Au cours d’un match joué avec l’équipe As Police, je me suis fracturé le bras droit. Pendant la même période, le Tchad devrait affronter la République centrafricaine. Le médecin de l’équipe nationale, Dr Outel Bono m’a fortement recommandé de ne pas jouer, aux risques de perdre les indemnités de mon assureur. Mais le ministre des sports, Idriss Mahamat Ouya, tenait absolument que je joue ce match” , se rappelle Pélé, meneur de jeu de l’équipe nationale des années 60-80. Entre bénéficier des faveurs de l’assureur et défendre les couleurs nationales, le patriotisme prend le dessus. “J’ai refusé l’offre de notre médecin. Je lui ai dit: je joue pour ma patrie”, évoque- t-il. Le match se joue en 1972.

Après 85 mn de jeu caractérisé par un score vierge, Pelé marque le but de victoire. “C’est moi qui ai inscrit l’unique but avant de sortir. C’est tout à l’honneur de ma patrie et cela m’a vraiment marqué” . A cette époque, l’équipe Sao faisait parler d’elle, surtout dans la sous-région Afrique centrale. Aujourd’hui, les Sao ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Les fanatiques du ballon rond ont déserté leurs terrains locaux au profit des clubs étrangers. Les Sao se confrontent à une mort lente. Ils ne parviennent plus à rééditer les anciens exploits. En 1978, rappelle Pelé, les Sao ont battu les Lions indomptables sur leur propre terrain à Yaoundé. “Mais les Camerounais ont éteint la lumière pour nous obliger à reprendre le match”, déplore Pelé.

Pour les mauvaises prestations des Sao, Pelé pense qu’à la base se pose un problème de prise en charge. “En notre temps, l’équipe nationale était bien entretenue, sur le plan médical comme sportif. Sur le plan physique, on procédait à une meilleure sélection des joueurs et l’équipe s’entraînait régulièrement. Il n’y avait pas d’improvisation dans les préparatifs des tournois” . Aussi pertinente qu’elle paraît, cette observation relève du passé. “Je suis actuellement surpris de voir des joueurs négocier ou monnayer leur sélection en équipe nationale. A quel résultat dans de tel cas doit-on s’attendre?” s’interroge Pelé. Pour lui, le ministère de la Jeunesse et des sports doit relever ce défi. En faisant appel aux gloires de l’époque pour permettre aux jeunes de bénéficier de leurs expériences. Hélas ! Un appel qui sonne dans le vide. A 63 ans, Pelé qui a signé sa première licence à 15 ans, se retrouve désormais loin des stades. Lui et ses coéquipiers qui ont porté haut le flambeau tchadien sont aujourd’hui méconnus du public. Qui se rappelle encore de ces noms qui évoquaient la gloire du football tchadien: Haroun Saba, alias Maître Toro, Bébé Jazz, Gombo Abkress, Doungous Moro, Ngalbogui le portier, etc. La liste n’est pas exhaustive. Toutefois, une chose est certaine. Tous sont oubliés.

Djéndoroum Mbaïninga

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