Depuis plus d’un mois, l’activiste Mbaibé Guentar Béba est sorti de sa maison à N’Djamena. Depuis, plus aucune nouvelle. Son père Dionkara  Naargo Béba témoigne.

Les faits remontent dans la nuit du 12 juillet 2018. L’activiste et infirmier Mbaibé Guentar Béba est sorti de la maison sans y retourner. « Il est sorti vers 19 heures, en informant son épouse qu’il va accompagner un patient à l’hôpital, sans donner plus de précisions », déclare Dionkara  Naargo Béba, son père.

Des avis de recherches ont été déposés dans les services radiophoniques de la place et à la direction de la police judiciaire, sans suite favorable. « Nous avons déposé une plainte au parquet de N’Djamena », informe le père de  Mbaibé Guentar Béba, en ajoutant que : « Sur instruction du procureur de la République, près le tribunal de grande instance de N’Djamena, la police judiciaire a mené des enquêtes, récupérant les relevés de son  téléphone auprès de Airtel.»

L’histoire est surprenante. Les enquêtes menées par la police judiciaire ont permis d’interpeller une femme qui utilise le téléphone de Mbaibé Guentar Béba, pourtant « porté disparu ». Selon ses déclarations, le téléphone lui a été donné par un réparateur de mobiles. Appréhendé à son tour, le réparateur explique que c’est un boutiquier qui lui a remis. Le boutiquier déclare que c’est un agent de la police qui lui a donné le téléphone. Enfin, l’agent de la police confirme le fait et est arrêté séance tenante.

La Mairie aurait repêché son corps 

Après investigations, « on nous a présenté un rapport qui a été fait par le commissariat de la sécurité publique n°6. Dans le rapport, il est mentionné que mon fils a eu un accident sur le pont, le 13 juillet, à 3 heures du matin et qu’il est tombé dans le fleuve Chari. Le 14 juillet, à 6 heures, le service de secours de la Mairie a repêché son corps, en état de décomposition », explique le père du «porté disparu.»

« La moto de Mbaibé Guentar Béba a été retrouvée au camp militaire de Farcha », précise son père. Le 10 août, le service de la mairie de N’Djamena montre « une vieille tombe » (selon les propres mots de Dionkara  Naargo Béba), aux parents, justifiant qu’elle appartient à Mbaibé.

Pour les parents de Mbaibé, la disparition de leur enfant est émaillée de mystères. « Pourquoi ils n’ont pas déposé le corps à la morgue ? Pourquoi ils n’ont pas fait un communiqué pour nous informer comme ils ont l’habitude de le faire ? », s’interroge le père du disparu.

Face à ces multiples contradictions, l’affaire est confiée à maître Morémbaye Rose, qui, le 16 août, décide de porter plainte contre X, afin que lumière soit faite.