Le porte-tout communément appelé “Pousse-Pousse” est une charrette à bras de deux roues servant à transporter des marchandises et autres objets. Autrefois très sollicités, les conducteurs de porte-tout ou pousseurs, font face de nos jours à  une concurrence rude depuis l’arrivée des moto-taxis ou clando. Ils sont également confrontés à la tracasserie de la police municipale, et exposés à un sérieux problème de santé dû aux charges lourdes. Cap sur un métier séculaire et négligé. 

Les “pousse-pousse” étaient dans les coins et recoins des rues de la capitale, transportant des bagages, marchandises et bien d’autres choses. Ils servaient de moyens de transport très bon marché puisqu’ils ne consomment pas de carburant mais juste l’énergie du pousseur. La prolifération des moto-taxis dans la ville de N’Djamena a changé le mode de transport. Ces derniers peuvent non seulement  supporter la même charge que les porte-tout  mais ils sont d’une grande célérité.  « Les motos nous ont rendu les choses faciles. Ils transportent tout et avec eux on gagne en temps aussi », souligne le propriétaire d’une quincaillerie. Du coup, ces charrettes à bras tombent en désuétude. Pourtant ce métier occupe un grand nombre de jeunes venus pour la plupart des provinces du pays.

Le cas de Zakaria Idriss en est une parfaite illustration. Ce jeune pousseur âgé de 25 ans pratique le métier depuis 7 ans déjà. Il a  laissé sa femme et ses enfants à Bitkine, localité située à quelque 400 Km de N’Djamena. « Avant, je faisais 9 à 10 tours par jour mais maintenant entre 2 ou 3 seulement et parfois même pas du tout », se plaint-il. Son bénéfice journalier n’excède pas 1000 francs ou 500 francs contre 4 000 francs CFA à l’époque. « En 2016, j’ai failli mourir à cause d’un choc  au niveau de la colonne vertébrale lorsque j’ai transporté plusieurs sacs  de riz sur  une longue distance. Ce travail comporte beaucoup de risques »,  reconnait-il.  

Un pousseur de porte-tout au marché de Diguel

Armand Goulé, un autre pousseur rencontré au marché de Diguel, dans le 8ème arrondissement, est  assis  désespérément à côté de son porte-tout devant une boutique. Il est déjà  11 heures mais aucun déplacement effectué. « Les clandos se sont accaparé de tout et cela a un impact sur notre métier. Je suis même déjà à la recherche d’un autre » se lamente- t-il.

Les pousseurs qui, auparavant étaient omniprésents dans les rues, ne se trouvent maintenant qu’aux alentours des marchés et devant les grandes boutiques. Jadis, les porte-tout sont sollicités par tout le monde. Mais de nos jours, ils ne fonctionnent qu’avec les commerçants et confinés dans les marchés. Outre, la tracasserie de la police municipale a atteint son paroxysme. « Au lieu de passer par les grands axes qui sont souvent des raccourcis, nous sommes obligés de contourner  dans l’optique d’éviter les agents de la mairie », informe Zakaria. Contourner avec un bagage qui pèse, sous un soleil infernal et perdre le temps au client est aussi l’un des facteurs qui découragent les jeunes pousseurs. Les agents de la mairie prélèvent entre 700 et 1 000 FCFA et ne donnent aucun reçu alors qu’ils appellent cela taxe journalière. La disparition progressive de ce métier va plonger beaucoup de jeunes dans le chômage, et surtout laisser un champ vide aux clandomen qui se permettent de tout transporter avec un risque accru d’accidents de circulation.

Un clandoman transportant de caisses de tomate