En ces derniers temps, l’alcool est devenu l’aliment préféré de certains tchadiens. Une tendance que l’on retrouve chez les jeunes tchadiens, de plus en plus attirés par l’alcool frelaté.

Tir, Score, Officier, Leader… ce sont les noms de ces  whiskies frelatés en plastique que les jeunes tchadiens consomment abusivement. Parmi les consommateurs : élèves, étudiants et diplômés sans emploi. Exportés exclusivement du Cameroun et du Nigeria, ces whiskies bon marché sont à la bourse de tout le monde car, vendus entre 50 et 100 francs CFA. Un prix dérisoire qui attire les jeunes.

Quant au mobile de cette préférence, à en croire ces jeunes, ces doses vendues en sachet leur aident à  faire face aux multiples soucis qui empoisonnent leurs vies. « Quand je bois ces whiskies, je me sens à l’aise et plein de force. Souvent, pour me libérer de mes problèmes je ne cherche que ça », déclare Madjiyangué, un amateur de whisky en sachet, rencontré devant une buvette de N’Djaména.

Un marché juteux

Une consommation en hausse qui a poussé les petits commerçants à se déverser sur ce marché. On peut les voir dans chaque coin et dans chaque carrefour de la capitale. Peu importe le lieu, l’essentiel c’est de faire le « business ». « Avant je partais à Kousseri pour amener les boissons alcoolisées. Je les vendais ensuite à mes clients qui les vendent à leur tour », explique Ramadji Yolande, une quadragénaire qui tient une buvette dans la capitale tchadienne. « Depuis 2015, j’ai décidé d’ouvrir ma propre buvette où je ne vends rien d’autre que les scores, les tirs, les leaders et les autres whiskies. Sans vouloir exagérer, je fais un chiffre d’affaires de 20 000 à  25 000FCFA par jour », poursuit la commerçante.

Mais cette consommation n’est pas sans conséquence. « Cela fait des années que je prends Score et j’ai souvent des malaises. Mais je n’arrive pas à  abandonner. C’est plus fort que moi », explique un consommateur sous couvert d’anonymat. La « génération consciente » ne risque-t-elle pas de plonger dans l’alcoolisme ?

« L’alcool demeure la première cause de la diminution du quotient intellectuel chez les jeunes. Parce qu’il entraîne la rigidité du système nerveux central », analyse Docteur Djimtolna Yengar Etienne, thérapeute au Centre Diocésain de la Recherche Action. « Là où passe l’alcool passe les dégâts », dit un dicton. « La consommation abusive de l’alcool entraîne la perte de l’appétit et cause des maladies dangereuses telles que la cirrhose, la pancréatique et bien d’autres », conclut-il.

Face à ce comportement des jeunes qui se perdent dans l’alcool, le gouvernement et les parents sont appelés à prendre leurs responsabilités pour sauver la jeunesse de la dérive. Les jeunes eux aussi doivent prendre conscience quant à la dépendance de l’alcool. Comme le dit Rabelais, « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » donc « consommés avec modération ».