La production intensive de la canne à sucre en hiver, permet de créer des emplois partiels dans la capitale tchadienne. D’abord, dans la province de la Tandjilé, zone de production, les activités sont liées au transport de la canne à sucre à N’Djaména, puis sa vente en gros et en détail. Cette plante fait vivre plusieurs personnes en cette période.

La canne à sucre est une plante cultivée pour ses tiges qui contiennent un jus sucré dont on tire le sucre. Mais au Tchad, en hiver, période de production, elle est utilisée en consommation directe dite aussi canne de bouche.

Un marché spécial lui est dédié à N’Djamena. C’est le marché des fruits, légumes et tubercules de Chagoua dans le 7ème arrondissement. Un marché qui ressemble de loin à un champ de culture de la canne. Les tiges et les feuilles couvrent le sol. Une dizaine de camions, visiblement venus la veille sont en train d’être déchargés. L’ambiance est bon enfant.

Selon Adoum Oumar Moussa, commerçant grossiste et aussi président de ce marché, plus de 25 à 30 camions venant de Kélo sont déchargés dans ce marché chaque jour. Chaque camion contient 400 ras dans leur jargon en arabe locale qui est comme une unité de mesure. Un ras est composé de 25 cannes soit 10 000 cannes par camions et par jour. Etre dans ce marché c’est aussi apprendre un certain nombre de jargon. Une seule canne est vendue entre 600 et 750 FCFA.

Un vendeur ambulant de canne à sucre au marché de Chagoua/ Ph Al-Mardi Tor

Abdoulaye Aboubakar, la trentaine est commerçant détaillant. Son outil de travail est le pousse-pousse et un canif. Il achète par jour un ras de canne  à sucre à 7000 FCFA qu’il découpe en fraction dont le prix varie entre 25, 50 et 100 FCFA selon la taille, la forme de la canne et la capacité du client. Sur le ras, il génère par jour un bénéfice de 2 500 francs.

Comme lui, plusieurs jeunes se lancent en cette période d’hiver dans la vente de la canne à sucre. Partout dans les rues de la capitale, ils sont visibles. Malheureusement la culture de la canne à sucre est périodique. Après l’hiver beaucoup se reconvertissent ou se trouvent tout simplement au chômage. C’est encore le lieu de rappeler que la richesse du sol dans la zone septentrionale ne doit pas dépendre de la pluviométrie pour faire la culture de la canne à sucre ou autres mais plutôt du courage et de la volonté de l’Etat à développer le secteur de l’agriculture. Il s’agit de sauver de vie et  créer d’emplois  pour les jeunes désœuvrés.