A N’Djamena, Félicia est l’une des rares vendeuses des shorts masculins. Dans cette activité perçue comme pour les hommes au Tchad, elle marchande avec charme ses articles. 

À première vue, on dirait un garçon. Sac au dos, une pile de vêtements en main, Felicia est une vendeuse ambulante. Elle marchande des shorts masculins depuis deux ans. La fille à la vingtaine s’est lancée dans cette activité commerciale pour se prendre en charge. « Je dois satisfaire mes besoins de femme, cela permettra à ma famille de respirer un coup », nous dit-elle avec fierté.

Elle ne passe pas inaperçue dans les avenues de N’Djamena. Ce matin, au quartier Djamalbar, tous les regards sont fixés sur elle. Sans gêne, ni peur, Felicia marchande tranquillement au premier venu. Elle sillonne les coins et répond aux appels des clients.

La jeune fille n’est pas tombée dans cette activité par hasard. Elle a été sélectionnée par une agence camerounaise. Sur 32 candidates, elles sont cinq filles tchadiennes à être embauchées, dans la capitale du Tchad.  L’entreprise à laquelle elle appartient dispose des bus qui viennent la chercher dès 5h du matin de chez ses parents, à Chagoua, pour l’amener à Kousseri, ville camerounaise frontalière à la capitale tchadienne. Là-bas, elle fait le plein d’articles avant de se lancer dans la quête des acheteurs à N’Djamena.  

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Félicia vend en moyenne une douzaine de shorts par jour. « Je travaille avec envie et non avec obligation. C’est pourquoi j’arrive trop souvent à vite finir mes articles », avoue-t-elle.

La lycéenne compose le Brevet d’études fondamentales (BEF) cette année, 2019. Un défi qui n’effraye pas la demoiselle.    « J’arrive à jumeler les deux activités. J’ai un programme bien établi pour mes activités et mes études. Et heureusement, j’ai des parents qui sont compréhensifs », nous a-t-elle laissé entendre.

Ne travaillant que pendant les weekends ou les jours off de l’école, la jeune fille, à l’apparence d’homme, éprouve de la fierté de bien représenter les femmes dans ce métier dominé par les hommes.